Novembre 1998
A
bord de MILLIVORE, nous ne comprenons ni l’Espagnol, ni le Portugais.
Nous ne pouvons donc pas compter sur les bulletins émis par les
stations côtières. Nos sources météo sont les suivantes (horaires et
fréquences sous réserve de modifications):
Bulletin du CROSS Corsen, en BLU (1650kHz, répété sur 2677kHz, 6h15 et 18h15 UTC):
Assez
curieusement, on ne reçoit pas à la Trinité sur Mer, mais ça s’améliore
vite dès qu’on descend vers l’Espagne. Bien détaillé, avec évolution
ultérieure, et répété sur une autre fréquence après la première
diffusion.
On le reçoit jusqu’au nord du Portugal, mais il ne couvre malheureusement pas la zone Ouest Portugal.
NAVTEX (518kHz):
Nous
n’avons pas de récepteur spécifique à bord, mais nous recevons les
messages avec le récepteur BLU connecté à un PC portable. Ces messages
concernent la météo et les avis urgents aux navigateurs.
Emetteur du CROSS Corsen (0h, 4h, 8h, 12h, 16h, 20h UTC) :
Réception difficile de la Trinité sur Mer, ça s’améliore dans le golfe de Gascogne. Bonne météo.
Emetteur de la Corogne (0h30, 4h30, 8h30, 12h30, 16h30, 20h30 UTC) :
Bien reçu dans le sud du golfe, mais réception difficile dans les rias de Galice. Météo un peu succincte.
Emetteur de Lisbonne (2h50, 6h50, 10h50, 14h50, 18h50, 22h50 UTC) :
Bien
reçu sur toute la côte portugaise, mais plus à Madère. Bonne météo,
mais parfois quelques loufoqueries : envoi pendant 10 minutes des
signaux de synchronisation, sans aucun message exploitable (?)
Emetteur de Las Palmas (1h20, 5h20, 9h20, 13h20, 17h20, 21h20 UTC) :
Bien reçu à Madère et dans toutes les Canaries, mais horaires assez fantaisistes. Météo correcte.
Cartes météo envoyées par radio :Les
cartes qui nous intéressent sont les cartes isobariques de surface. On
y voit la position des centres d’actions (anticyclones,
dépressions...), et la direction et l’espacement des isobares nous
donnent directement la direction et la vitesse du vent.
Nous n’avons
pas non plus de récepteur spécifique fax à bord, mais le même récepteur
BLU, toujours connecté au PC portable, nous permet de recevoir les
cartes météo directement à bord. Ce service très appréciable, et
gratuit, semble malheureusement en voie d’extinction : d’après la
littérature,
il devait y avoir un émetteur à Madrid, mais nous n’avons jamais pu le
recevoir, et un autre à Dakar, qui semble ne plus émettre que des pages
blanches (?). La France avait un émetteur aux Antilles qui a cessé ses
émissions il y a quelques années... Heureusement, les anglo-saxons sont
fidèles au poste !
Voici les émissions qui couvrent les côtes européennes. Les horaires sont donnés en UTC, sous
réserve...
Emetteur de Bracknell (Angleterre) 2618.5kHz, 4610kHz, 8040kHz, 14436kHz, 18261kHz :
Cartes de surface T+0h à 3h41, 9h41, 15h41, 21h41
Situation
générale et carte à T+24h à 10h31, 16h31 (Cette dernière est presque
toujours en retard, ça doit être l’heure du thé, à Bracknell !)
Cartes de surface à T+48h et T+72h à 10h50
Très
bonnes cartes de l’Atlantique nord, et Méditerranée, avec prévisions à
3 jours, malheureusement limitées vers le sud à Madère. Bien reçues
jusqu’au Canaries.
Emetteur de Londres (Angleterre) 3652kHz, 4307kHz, 6452.5kHz, 8331.5kHz :
Carte de surface du jour à 15h45
Bonne carte, descendant jusqu’au sud des Canaries, mais pas de prévision à moyen terme. Réception correcte jusqu’aux Canaries.
Emetteur d’Offenbach (Allemagne) 385kHz, 7880kHz, 13882.5kHz :
Cartes de surface à T+48h, T+72h et T+96h à 8h08
Carte de surface à T+24h à 18h32
Très
bonnes cartes de l’Atlantique nord et Méditerranée, avec prévisions à 4
jours, descendant normalement jusqu’au Canaries, mais un cartouche
masque la zone Madère-Canaries (dommage !). Bien reçues jusqu’aux
Canaries.
Je n’ai noté ici que les cartes les plus intéressantes
pour nous, mais ces émetteurs envoient des cartes très diverses quasi
24h sur 24 (températures d’eau, état des glaces dans le nord, vents à
différentes altitudes pour l’aviation, etc...).
Aux Canaries,
nous commençons à recevoir émetteur de Boston (USA), qui transmet des
cartes couvrant l’atlantique tropical. D’autres émetteurs fonctionnent
aux USA (Norfolk, Miami, New Orleans...), et un peu partout ailleurs
dans le monde. Nous pensons donc avoir une couverture pour toute la
croisière.
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ESCALES A MADERE ET AUX CANARIES
Décembre 1998
Notre
croisière à bord de MILLIVORE vers les Antilles par la route des
alizés, se déroule comme prévu. Après nos escales en Galice et au
Portugal, nous sommes allés visiter les archipels de Madère, puis des
Canaries, en octobre et novembre 98 avant le grand saut vers les
Antilles en décembre. Ce document présente nos remarques sur nos
différentes escales dans ces îles ensoleillées.
PORTO SANTOAprès
3 jours de traversée depuis le Portugal, nous arrivons à Porto Santo,
première île de l’archipel de Madère. L’aspect de l’île est très
dépaysant, quand on arrive de Bretagne : haute pour sa taille (mais on
n’a pas encore vu Madère...), et complètement désertique. Ni arbre, ni
végétation, le roc est à nu. Très spectaculaire !
Pas de problème
pour choisir un port : il n’y en a qu’un ! Et c’est déjà bien par
rapport à ce qui suivra... La côte sud de l’île forme une grande baie,
bordée d’une immense plage de sable doré. Le port est à l’est de la
baie. Il est très bien protégé des vents et de la houle dominants (de
nord-est), mais ouvert à l’ouest, et doit être un peu houleux par vents
de ce secteur. Ca a dû arriver avant notre passage : plusieurs
ex-cyclones tropicaux sont venus vers le Portugal cet automne, et ont
apporté du suroît fort dans la région.
Dans le port, on a le choix :
Aller au ponton, catways avec eau et électricité, s’il reste de la place.
Mouiller sur ancre. Il y a toute la place voulue, et le fond de sable est très bon.
Ou
prendre des bouées. Ce type de mouillage est assez curieux, et nous
n’avions vu ça nulle part ailleurs : le bateau est maintenu par 4
amarres maillées sur des corps morts au fond, 2 à l’avant, 2 à
l’arrière. Ainsi écartelé, le bateau reste parfaitement immobile, quel
que soit le vent, ce qui permet d’amarrer les bateaux proches les uns
des autres. La manoeuvre n’est pas simple, mais un gars très
sympathique, parlant français, vient normalement donner un coup de
main. Pas de chance, il n’était pas là à notre arrivée, et nous nous
sommes débrouillés seuls. L’eau du port est d’une clarté incroyable, on
voit distinctement le fond, même par 6 ou 7 mètres d’eau.
Le
mouillage sur bouées, ainsi que sur ancre, coûte une somme modique (de
l’ordre de 30F par jour pour un 11 mètres). Ceci est justifié par le
service : le gars du port passe tous les jours vérifier les amarres et
les lignes de mouillage. On peut vraiment laisser le bateau en sécurité
à Porto Santo, et c’est un des gros avantages de ce port.
Il est
aussi possible de mouiller sur ancre à l’extérieur du port, devant la
plage, mais ça reste toujours un peu rouleur : la houle de nord-est est
réfractée par la côte, et vient atteindre le littoral sud. Seul
avantage : c’est gratuit. Ce mouillage est intenable par vents de
secteur sud.
Deux organismes différents gèrent le port. L’un
gère le ponton, l’autre les mouillages, et ils se font une
concurrence féroce : les employés de l’un essayent de vous dissuader
d’aller chez l’autre, et inversement. Mais tout ça se fait dans la
bonne humeur, et l’accueil est très sympathique.
Les formalités
nécessitent le passage dans 3 bureaux (douane, immigration, et bureau
du port choisi), mais tout se passe avec le sourire. Arrivés en fin
d’après-midi, et ayant passé du temps à amarrer le bateau, nous n’avons
pas pu tout faire le soir même. Le lendemain matin, quand le gars du
port est passé nous voir sur le bateau, je lui ai dit que j’irai finir
les formalités rapidement. Réponse : “T’affole pas, tu iras quand tu
pourras ! On est à Porto Santo ici !”. Révélateur de l’ambiance locale !
Le
village est à environ 2 km, et on y trouve toutes les ressources de
base, y compris le supermarché Pingo Doce (on est toujours au Portugal
!). L’île n’est pas touchée par le tourisme de masse, et le village est
agréable. On profite des courses pour faire une grande balade le long
de la très belle plage. Evidemment, il ne faut pas s’apercevoir au
retour qu’on a oublié le pain !
Pour l’eau et le gasoil, si on est
sur bouées, il faut aller s’amarrer le long d’un ponton flottant,
contre le quai. Ce ponton, formé de dalles creuses en plastique est
particulièrement instable : on se croirait dans “Intervilles”, et il
vaut mieux y descendre en maillot de bain, au cas où !...
Malgré
l’aridité ambiante, l’île mérite largement une visite. Nous avons pris
un taxi, qui pour un prix très raisonnable, nous a fait faire un tour
de l’île en deux heures, et nous a montré plein de jolis coins, avec
commentaires en français. On est un peu surpris de trouver sur cette
petite île un aéroport international, avec une piste pour gros
porteurs, mais on comprend mieux quand on a vu Madère (voir plus
loin)... Christophe Colomb a vécu ici, et sa maison est maintenant un
musée. Ceci ne fait que confirmer l’ambiance “transat” qui règne dans
le port.
Nous avons beaucoup apprécié notre escale à Porto
Santo, et nous y sommes restés bien plus longtemps qu’initialement
prévu. C’est une escale classique pour ceux qui partent pour les
Antilles, et la plupart des bateaux peignent leur logo sur le mur de la
grande jetée : n’oubliez pas de définir votre logo, et d’emporter les
pots de peinture !
La côte sud de Porto Santo
MADERE40
milles plus loin, voici l’île de Madère, bien plus grande et plus haute
que Porto Santo. Une première curiosité, en approchant de la côte est :
une grosse construction, montée sur des centaines d’énormes pilotis
plantés dans la mer. Il s’agit de la piste de l’aéroport ! L’île ne
comporte aucune surface plane assez grande pour un aéroport, et la
piste a été réalisée en partie en creusant dans la montagne, et en
partie au-dessus de la mer, sur ces fameux pilotis. Ceci explique le
grand aéroport de Porto Santo : pendant longtemps, c’était le seul
aéroport de l’archipel, et il fallait ensuite deux heures de bateau
pour rejoindre Madère.
A Madère, pas beaucoup de choix pour
s’arrêter. Nous avions pensé passer une nuit au mouillage à Machico,
sur la côte est, mais la grosse houle de nordet nous en a dissuadés.
Seule autre possibilité : le port de Funchal, sur la côte sud. C’est un
port de pêche et de commerce, directement ouvert à l’est. La houle
dominante de nordet est réfractée par la côte, vire à l’est sur la côte
sud, et donc entre directement dans le port, sans aucune jetée pour
l’arrêter (bizarre, bizarre !). Il est vrai que nous sommes dans le
dévent de l’île, et que le vent est généralement faible de secteur
ouest, et que le gros mauvais temps d’hiver est aussi de secteur ouest.
Il
y a une marina dans le port, très bien protégée, mais elle est pleine,
du moins en cette saison. Occupée aux 9/10 par des bateaux locaux et
les “promène-couillons”, il ne reste que très peu de place pour les
bateaux de passage, qui sont à couple sur 5 ou 6 niveaux. Les employés
du port opposent un barrage énergique à toute nouvelle entrée, et même
s’il y a manifestement une place, elle est toujours réservée...
Nous
nous retrouvons donc au mouillage sur ancre dans l’entrée du port,
directement exposés à la houle. Autant le dire franchement, ce
mouillage est in-vi-vable ! Roulis quasi permanent, jusqu’à 20̊ d’un
bord et d’autre, aucun bateau, grand ou petit n’est épargné. Seuls les
multicoques semblent s’en tirer un peu mieux.
Avertis du problème,
nous avions essayé de réserver une place dans la marina par téléphone
depuis Porto Santo. Réponse : “impossible pour les deux prochaines
semaines”. Nous avons harcelé les employés du port pendant plusieurs
jours consécutifs, sans résultat. Pourtant certains arrivent à entrer.
Comment font-ils ? Faut-il réserver 6 mois à l’avance ? Faut-il amener
le bateau en août et le laisser là jusqu’en novembre ? A qui faut-il
payer le bakchich ? Nous n’avons pas la réponse.
Un ami-bateau, PEN
AZEN, a trouvé une solution élégante : faisant du charter
professionnel, il a reçu du courrier d’entreprise d’allure très
officielle au bureau du port de Funchal. Les gens du port, le prenant
probablement pour un V.I.P. n’ont pas osé le refouler. Il faut
peut-être se faire envoyer un courrier de France, dans une enveloppe à
en-tête de l’Elysée, et adressée à “Monsieur le ministre, à bord du
bateau XXX, aux bons soins du capitaine du port de Funchal”...
Une
autre solution, largement pratiquée, est de laisser le bateau à Porto
Santo, et de venir à Madère par le ferry ou par l’avion. Seul
inconvénient, il faut prévoir au moins une, voire deux nuits d’hôtel à
Madère. La présence de notre chien Sweet ne nous a pas permis cette
solution.
Mais au fait, si on est si mal reçu, faut-il vraiment venir à Madère ?
Oui, sans hésiter, il faut visiter Madère !La
ville de Funchal est jolie, une fois dépassés les bars et restaurants
pour touristes qui longent le littoral. La ville s’étend au flanc de la
montagne, avec plusieurs jardins à la végétation luxuriante. On y
trouve toutes les ressources courantes, y compris l’inévitable Pingo
Doce.
Mais surtout, il faut visiter l’intérieur. L’île est
extrêmement escarpée, couverte d’une végétation luxuriante, et offre
partout des paysages à couper le souffle. On y trouve tout un réseau
d’aqueducs d’irrigation, les levadas, qui serpentent à flanc de
montagne, et qui amènent l’eau de la face nord, très arrosée vers la
face sud plus sèche. C’est le paradis des randonneurs, de tous niveaux
: de la balade quasi horizontale, le long des levadas, aux randonnées
vertigineuses avec des centaines de mètres de dénivelé, et toujours
dans des paysages grandioses. Nous avons visité l’île en voiture de
location. Le réseau routier est lui aussi impressionnant, et on y roule
le plus souvent en seconde... On peut aussi circuler en car, ce qui est
plus pratique pour les randonnées : un car nous amène au début du
chemin, et un autre nous ramène à Funchal. Mais les chiens ne sont pas
admis dans les cars, les bus, et semble-t-il même dans les taxis (mais
dans ce dernier cas, on peut négocier...). Nous avons donc dû nous
contenter de randonnées aller-retour sur le même chemin. Malgré tout,
nous gardons un souvenir ému de notre visite de l’île d’une journée.
Nous serions certainement restés plus longtemps à Madère, mais le
roulis au mouillage nous a chassés au bout de 5 jours.
La côte nord de Madère
PUERTO CALERO (LANZAROTE)Après
deux jours de traversée depuis Madère, nous arrivons sur Lanzarote,
notre première escale aux Canaries. Très mauvaise visibilité, et vent
frais d’est. On se croirait (presque) en Manche, seules différences :
le temps est très sec, la mauvaise visibilité est importée du Sahara
par le sirocco sous la forme d’une très fine poussière qui s’infiltre
partout. Et il fait quand même plus chaud !
Puerto Calero est
une marina moderne, bien abritée, avec pontons à catways. L’accueil
n’est pas très chaleureux, ça nous change du Portugal. Nous apprenons
que la marina est pleine, mais heureusement en cours d’agrandissement,
et on nous propose une place sur l’un des nouveaux pontons : pour le
même prix, nous aurons l’eau mais pas l’électricité, qui n’est pas
encore installée.
Surprise quand nous descendons à terre : on trouve
les sanitaires, un tout petit supermarché, et quelques bars et
restaurants, et c’est tout. Cette marina, entièrement artificielle a
été installée en plein désert. De plus, les seules cabines
téléphoniques datent de Graham Bell, et n’acceptent que les pièces...
Pour
retrouver la civilisation, il faut faire 3 bons kilomètres à pied sur
une route poussiéreuse en terre battue. Avec le sirocco, sa poussière,
et la sécheresse ambiante (PEN AZEN retrouvé là, a mesuré 17%
d’humidité !), on se croirait dans un bouquin de Frison-Roche, version
Sahara. Finalement, on arrive à Puerto del Carmen. C’est une ville
touristique où l’on parle essentiellement allemand, mais où l’on trouve
toutes les ressources de base, de vraies cabines téléphoniques, et des
voitures de location...
Lanzarote elle aussi mérite une visite.
L’île a subi une grosse éruption volcanique au siècle dernier, et 200
km² ont été recouverts par la lave ou les cendres volcaniques. Cette
zone est maintenant un parc naturel très spectaculaire, il n’y a plus
de volcans en activité, mais certains endroits sont encore très chauds,
et une partie de la visite peut se faire à dos de dromadaires ! On peut
aussi visiter des grottes formées par d’anciennes coulées de lave, et
un très spectaculaire promontoire, le Mirador del Rio, offrant une vue
magnifique sur l’île de Graciosa (attendre que le sirocco ait cessé de
souffler !). Tout ceci est évidemment payant, il faut bien faire entrer
les deutschmarks dans l’économie locale, mais nous n’avons pas regretté
nos différentes visites.
A noter un grand shipchandler (on avait perdu l’habitude !), à Arecife, capitale de l’île.
Vue sur Graciosa depuis le Mirador del Rio
GRAN TARAJAL (FUERTEVENTURA)Sur
la côte sud de Fuerteventura, ce port se compose d’un bassin fermé,
assez bien protégé. Les deux pontons, isolés dans un coin, sont occupés
par les bateaux locaux, mais il y a assez de place pour mouiller sur
ancre dans le port. Pour débarquer en annexe, il y a une cale,
glissante comme toutes les cales, et qui manque un peu de longueur :
nous étions en grande marée basse, et ce fut assez sportif, et sûrement
rigolo pour les spectateurs...
Nous ne sommes restés qu’une nuit, et n’avons pas visité le village.
PUNTA JANDIA (FUERTEVENTURA)Mouillage
forain à l’extrême sud-ouest de Fuerteventura, conseillé par les guides
de navigation. On mouille devant la plage d’un petit village. Le fond
est rocheux, avec des zones de sable. Il faut évidemment poser l’ancre
sur une zone de sable, mais c’est bien plus facile qu’on pourrait
croire : l’eau est tellement claire qu’on distingue parfaitement le
fond (Attention, ça ne doit pas marcher la nuit...).
Que dire de
plus sur ce mouillage ?... Ah oui ! C’est un mouillage “funchalien” :
extrêmement rouleur ! Nous nous sommes enfuis dès le lendemain matin !
LAS PALMAS (GRANDE CANARIE)Un
grand port de commerce, comportant une grande marina. Mais pas de place
pour nous ! Les responsables du port attendent l’ARC (rallye annuel
anglais), plus une autre course. Résultat : près de 200 bateaux de
passage vont arriver dans les prochains jours !
Il faut déplorer la
généralisation des transats organisées, telles que la transat des
alizés, des passionnés, l’ARC, les îles du soleil, et j’en passe. Leurs
organisateurs trustent les places de port (et parait-il aussi les
chambres d’hôtel et les billets d’avions, pour les familles et
équipiers...), au point qu’il devient difficile de trouver une place
dans une marina aux Canaries en novembre. C’est vrai qu’il reste
quelques mouillages, mais pour préparer le bateau pour la grande
traversée, quelques jours dans une marina sont quand même plus
confortables (avitaillement, bricolage, inspection du gréement...). Si
la tendance se confirme, dans quelques années il deviendra impossible
de faire escale aux Canaries pour traverser librement, à titre
individuel, comme nous le faisons, et c’est bien dommage !...
Mais
revenons à Las Palmas : Le gars du port nous propose soit de mouiller
sur ancre dans le nord de la marina, soit, à mots couverts car c’est
interdit, de prendre un des nouveaux pontons en cours d’installation,
ce que nous faisons. Les deux possibilités sont payantes, au même prix.
Nous ne faisons peut-être pas le bon choix car :
- nous n’avons ni eau, ni électricité,
- le ponton n’est pas relié à la terre : il faut descendre en annexe,
- ces nouveaux pontons sont extrêmement rouleurs, ce qui fait travailler très dur les amarres et les pare-battages.
Une
nouvelle jetée à été construite pour protéger ces nouveaux pontons,
mais curieusement, l’entrée du port a été maintenue à l’est, face au
large (la houle dominante est de nordet), alors qu’il semblait aussi
simple de la mettre au nord, vers le port de commerce. Bizarre !
Bizarre ! Ces nouveaux pontons resteront donc rouleurs, à moins qu’une
chicane ne soit réalisée à l’entrée.
Autre curiosité de ce port : le
quai où aboutissent tous les pontons est en contrebas du reste de la
ville, et il n’y a qu’un escalier qui permette de franchir ces 4 mètres
de dénivelé. Cet escalier est complètement au sud du port, alors que la
partie commerçante de la ville est plutôt au nord, d’où un détour de
plusieurs centaines de mètres, particulièrement fastidieux quand on
revient des courses les bras chargés. A part ces petits
inconvénients, Las Palmas offre toutes les ressources d’une grande
ville, y compris plusieurs shipchandlers bien fournis.
PUERTO RICO (GRANDE CANARIE)En
longeant la côte sud-est de Grande Canarie, nous expérimentons pour la
première fois les célèbres accélérations du vent entre les îles : le
vent, faible au départ, fraîchit rapidement 5 à 6 de nordet, puis tombe
brutalement 0 à 1 de noroît dès la pointe Maspalomas franchie (pointe
sud de l’île). La transition est très franche, on passe de force 6 à
force 1 en moins de 100 mètres, et la côte sous le vent de l’île est
complètement déventée. Nous essayons d’entrer à Puerto Mogan, mais nous
sommes refoulés par les gens du port. Il y a pourtant de la place, ne
serait-ce qu’à couple, mais non, rien à faire, le port est plein, ARC,
etc...
Nous repartons en arrière vers Puerto Rico. Refrain connu
: le port est plein, pas de place, etc... On nous tolère quand même à
couple sur un grand catamaran, dans l’avant-port (en nous faisant payer
le plein tarif, évidemment...). Mais quand le directeur du port
découvre que nous avons un chien à bord, il nous interdit de le
descendre à terre, et nous demande de partir dès le lendemain matin (il
y a pourtant plein de chiens, sur le port). Charmants, les Canariens du
coin !
Seule consolation, nous avons un robinet d’eau (le premier
depuis Puerto Calero) : nous faisons le plein d’eau, et nous lavons le
pont au jet.
LOS CRISTIANOS (TENERIFE)Au
départ de Puerto Rico, très beau spectacle : le pic du Teide, sur
Tenerife, est parfaitement visible, à plus de 50 milles, éclairé par le
soleil levant. Nous expérimentons une nouvelle variante des zones
d’accélération de vent : vent nul au départ, dans le dévent de Grande
Canarie, fraîchissant rapidement 7 de nord, avec rafales à 8, mer
courte et creuse avec déferlantes. La traversée est rapide, au vent de
travers, mais humide. Et dire que nous avions rincé le bateau à l’eau
douce la veille !... Et comme hier le vent tombe brutalement à force 2
de noroît dès franchie la pointe sud de Tenerife, et nous finissons au
moteur.
Nous essayons d’entrer à Puerto Colon, mais comme
d’habitude, nous nous faisons jeter. Non, pas tout à fait : on nous
propose de rester pour la nuit au ponton carburant, à condition d’être
partis avant 8h le lendemain matin... Nous rencontrons là deux autres
bateaux français, qui se sont fait jeter de la marina de Los Gigantes,
plus au nord, et nous partons tous les trois vers Los Cristianos,
quelques milles plus au sud, où il n’y a pas de marina, mais où on peut
mouiller sur ancre.
Nous resterons 10 jours à Los Cristianos, où
de la famille vient nous rendre visite. On mouille dans une grande
baie, sommairement protégée par une jetée, avec une belle plage dans le
fond. Le mouillage est complètement ouvert au sud, mais on est dans le
dévent de l’île, avec des vents faibles de secteur ouest, et quasiment
pas de houle. Attention cependant, le lendemain de notre départ, une
houle de sud de 2 mètres, venue d’on ne sait où, s’est abattue sur le
mouillage et a provoqué une belle débandade vers La Gomera, l’île
voisine. Mais pour nous, ce mouillage a été tout à fait confortable...
Sauf quand un ferry à foils sortait à toute allure, pour déjauger le
plus vite possible, et nous envoyait son monstrueux sillage. Eviter de
descendre dans l’annexe à ce moment là.
Le débarquement en
annexe n’est pas facile : une échelle unique permet de monter sur le
quai, et une multitude d’annexes sont amarrées là en permanence. A
première vue, la ville n’a rien d’attrayant : cité balnéaire
entièrement bétonnée, pour touristes venus en avion. Mais dès qu’on
descend à terre, on est agréablement surpris : on y trouve beaucoup de
verdure, et surtout pas de voitures, car le front de mer et les
principales rues commerçantes sont réservées aux piétons. Les voitures
sont reléguées quelques centaines de mètres en arrière, et c’est bien
agréable (pourquoi ne faisons-nous pas ça en France ?). La ville offre
toutes les ressources de base, et même un petit shipchandler.
Là
aussi, une visite de l’intérieur de l’île s’impose, en particulier la
vallée de la Orotava, et le parc national du Teide. Pour ce dernier,
une petite laine est utile : la route monte à plus de 2000m d’altitude,
et si vous voulez monter au sommet du volcan (à pied pour les sportifs
entraînés, ou en téléphérique), n’oubliez pas qu’il culmine à plus de
3700m. C’est le point culminant de l’Espagne.
Le pic du Teide sur Tenerife
SAN SEBASTIAN (LA GOMERA)A
20 milles à l’ouest de Tenerife, San Sebastian est le seul port de
l’île de La Gomera. Incroyable mais vrai, il y a une marina avec de la
place !!! Pontons à catways, eau et électricité : le grand luxe, quoi !
Parfait pour préparer la grande traversée. La ville est sympathique,
tout à fait à l’écart des nuées de touristes. Par contre, les
ressources restent assez limitées : petit supermarché, commerces de
base et marché deux fois par semaine. Il est prudent de laver à l’eau
douce les fruits et les légumes, afin de ne pas embarquer de bestioles
indésirables à bord. Tous les équipages font ça sur le ponton, dans une
ambiance de lavoir du début du siècle. A noter qu’on trouve ici de
grands paniers en plastique souple noir, contenant environ 25 litres,
et qui sont parfait pour la lessive. Tous les bateaux s’en équipent.
Pour le gasoil, il faut aller bidonner à la station service, à quelques
centaines de mètres, et un diable ou équivalent est bien utile. A noter
également une station de remplissage de bouteilles de gaz.
L’ambiance
dans le port est très nettement “départ” : tous les bateaux en escale
ici s’apprêtent à partir, soit pour le Cap Vert, soit directement pour
les Antilles, et chaque jour voit le départ d’un ou plusieurs bateaux
(concert de cornes de brume pour les Anglo-saxons, les Français sont
plus discrets). Nous avons des précédents célèbres : Christophe Colomb
est parti d’ici en 1492, et Antoine, le chanteur, part quelques jours
avant nous pour le Cap Vert, en solitaire sur son cata jaune BANANA
SPLIT.
Il paraît que l’intérieur de l’île est très beau, et
mérite une visite. Pris dans l’ambiance départ, et fort occupés par la
préparation du bateau, nous n’avons pas visité l’île, et peut-être
avons nous eu tort...
Et le premier décembre 98, en fin de matinée, nous larguons les amarres, cap sur la Barbade, à 2600 milles de là...
La Gomera - Millivore prêt à partir pour la grande traversée
Retour page Millivore ANNEXE : Les moyens de communication Décembre 1998
Ayant
quitté la France pour un an, il est évidemment nécessaire de garder le
contact avec la famille et les amis restés en métropole. Voici comment
nous traitons le problème, à bord de MILLIVORE :
Tout d’abord, aux escales (on passe bien plus de temps en escale qu’en mer !)
Le courrierPour
l’envoyer, pas de problème : il y a des bureaux de poste partout. Pour
le recevoir, c’est moins simple. Dans les grands ports, on peut
généralement se le faire envoyer au bureau du port, à condition d’être
sûr d’y faire escale, ce qui n’est pas gagné aux Canaries, par
exemple.
La poste restante marche bien, à condition de bien préciser
le bureau de poste, mais c’est cher : pour retirer le courrier, il faut
payer pour chaque lettre une somme qui vaut largement le prix d’un
timbre.
Le téléphoneLes
cabines fonctionnent le plus souvent avec des cartes, qu’on peut se
procurer assez facilement, comme en France. Le risque est de se trouver
en fin de validité d’une carte en cours de conversation. Pour éviter
ça, nous utilisons une carte France Télécom, qui permet de téléphoner
de l’étranger avec un numéro gratuit. Le montant de la communication
est débité sur un compte bancaire. C’est très pratique, ça marche très
bien en Espagne et au Portugal, mais pas dans les petits pays comme la
Barbade, par exemple. Là, une solution simple et efficace est d’appeler
en PCV, à condition bien sûr que le correspondant soit d’accord.
Le courrier électronique (E-mail)Simple
et efficace, à condition de trouver un accès Internet. Nous en avons
trouvé un (gratuit) au musée des sciences de la Corogne, un autre
(payant à pièces) dans un hôtel de Tenerife, et un “cybercafé” (cher) à
Los Cristianos. Ce n’est pas encore très répandu... Côté terre, il
n’est pas nécessaire d’avoir un PC connecté à Internet, un simple
minitel suffit.
Et en mer ?Après
avoir étudié la question, nous avons renoncé aux systèmes par
satellites INMARSAT (standard C, M, mini M...), devant le coût
monstrueux des équipements et des communications.
Nous avons renoncé
également à la BLU marine, devant le coût de l’équipement, et la
difficulté légendaire de ce système à obtenir les communications (ça
n’a pas dû s’arranger depuis la fermeture de Saint Lys Radio).
Les radioamateursDébut
98, j’ai décidé de passer la licence de radioamateur. Pour pouvoir
transmettre sur les bandes HF permettant des longues portées, il faut
passer un examen assez raide, comportant 3 volets :
- Des connaissances de base en électronique et radio (rien de bien méchant)
- Une connaissance de la réglementation (très fastidieux, de nombreux tableaux de chiffres à connaître par coeur)
-
Et la connaissance du morse. C’est le plus dur ! Même à faible vitesse,
pour l’examen, ça nécessite des centaines d’heures de pratique, et
c’est particulièrement fastidieux.
Par chance, j’avais étudié le
morse pendant mon service militaire, et j’ai pu me remettre à niveau en
quelques mois, malgré 18 ans d’interruption. J’ai obtenu ma licence fin
mai 98, et j’ai immédiatement équipé MILLIVORE d’une petite station de
radioamateur, travaillant sur la seule bande de 14MHz (la plus
performante en terme de portée). Coût environ 7000F, et quelques heures
de bricolage.
Les résultats sont spectaculaires, malgré une
puissance d’émission limitée volontairement à 50W pour ne pas épuiser
les batteries du bord. Parmi bien d’autres :
Avant de partir, depuis
la baie de Quiberon, j’ai contacté un employé du port de Vilamoura, au
sud du Portugal, que nous avons rencontré quand nous y avons fait
escale, 3 mois plus tard.
Depuis le Portugal, j’ai régulièrement eu
des contacts avec la France, le Québec, les Antilles (j’essaie de
communiquer principalement en français, c’est plus agréable !).
Durant
la traversée de l’Atlantique, j’ai eu quotidiennement des contacts avec
la France, la Belgique, et le Québec, ainsi qu’avec un voilier belge
qui traversait en même temps que nous.
Un soir, au sud-ouest des
Canaries, j’ai eu un contact parfaitement clair avec Nouméa, en
Nouvelle Calédonie. J’aurai du mal à faire plus loin, c’était quasiment
aux antipodes !
Un radioamateur de Morlaix, avec qui j’étais en
contact quotidien, savait à tout moment où nous nous trouvions, et
donnait de nos nouvelles à notre famille sur simple appel téléphonique.
Un
réseau de radioamateurs québécois, le “réseau du Capitaine”, assure
bénévolement un service pour les voiliers en mer : contacts quotidiens,
météo personnalisée, assistance en cas de problème... (14.118MHz, tous
les jours à 12h UTC).
Et plusieurs radioamateurs nous attendent aux Antilles, avec le ti-punch !
Quelques
problèmes quand même : incompatibilité d’humeur entre Arthur, notre
pilote automatique, et l’émetteur. Bien souvent, quand j’émettais, il
était nécessaire que Françoise prenne la barre. Ce problème semble très
répandu sur les bateaux, et pas facile à résoudre.
Et parfois, ça ne
marche pas... Notamment dans les ports où il y a souvent du brouillage
d’origine industrielle. Et la forêt de mâts métalliques des marinas ne
facilite pas la propagation...
Attention ! Le milieu des
radioamateurs est assez fermé. Un de nos amis-bateau possède à son bord
une station pirate (illégale en France), et n’a pas de licence. Durant
la traversée, nous étions convenus d’un contact quotidien, mais au bout
de quelques jours, on lui a fermement demandé de cesser ses émissions
sur les bandes réservées aux radioamateurs.
Il existe un réseau
pirate (Radio Cocotiers), totalement illégal, qui fonctionne sur
13.970MHz. Je n’y ai pas accès car cette fréquence est en dehors des
bandes radioamateur. Il faut avoir une station pirate elle aussi, comme
celle de nos amis, pour communiquer sur ce réseau. Les participants ne
donnent jamais leur nom ni celui du bateau, pour éviter les ennuis avec
les autorités !...
Un réseau (tout à fait légal, lui) fonctionne
aussi sur la bande CB (27.530MHz), mais les longues portées sont
beaucoup plus aléatoires sur cette fréquence, et les brouillages par
les CB de voitures sont fréquents.
Pour l’avenir : les nouveaux réseaux satellitesPlusieurs
réseaux de satellites en orbites basses sont en cours de mise en place,
et permettent, ou permettront de communiquer directement vers un
satellite avec un terminal guère plus gros qu’un téléphone portable. A
ma connaissance, les premiers réseaux en place sont ORBCOMM (texte
seulement) et IRIDIUM (téléphone), mais d’autres vont suivre. Le coût
des équipements et des communications est certainement encore
prohibitif, mais on peut espérer une baisse spectaculaire dans les
prochaines années (rappelez vous le prix des GPS !).
Peut-être pourra-t-on bientôt téléphoner de n’importe où dans le monde pour un prix raisonnable...
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ESCALES AUX ANTILLES
De la Barbade à Saint Martin
Mars 1999
Suite
de notre périple atlantique à bord de MILLIVORE : nous quittons San
Sebastian de la Gomera, aux Canaries, le 1er décembre 98, et le 20
décembre nous arrivons à la Barbade.
Comment s’est passée la traversée ?
Trois
jours de petit temps au début, puis le vent se lève, irrégulier en
force et en direction, 20 à 30 noeuds, de sud-est à nord-est. Mer
creuse, courte et croisée, très inconfortable. Avec des GGG (gros
grains gris) tous les jours, des rafales jusqu’à 45 noeuds, et de la
pluie. Certains jours, on se serait cru en Bretagne (à part la
température...). Et tout ça, jusqu’à l’arrivée !
Bref, la traversée
sous l’alizé régulier, comme dans les livres, avec soleil, petits
cumulus, et longue houle régulière, nous ne connaissons pas !
Nous
n’aurons cependant aucune avarie sérieuse, juste quelques coulisseaux
de grand-voile cassés lors d’empannages, contrairement à bien d’autres
bateaux. Mais nous sommes bien contents d’arriver à la Barbade.
Durant la traversée, avec un Alizé frais
BRIDGETOWN (LA BARBADE)Un
seul abri pour la plaisance : Carlisle Bay devant Bridgetown, la
capitale de l’île. C’est un joli mouillage, bien abrité de l’alizé,
très vaste, et bordé par une belle plage de sable. Des dizaines de
bateaux sont mouillés là, de tous types et de toutes nationalités.
Il
faut faire rapidement les formalités d’entrée, au port de commerce. On
peut soit mouiller à Carlisle Bay, et y aller à pied, soit entrer
d’abord au port de commerce avec le bateau, faire les formalités, et
repartir mouiller ensuite. On peut facilement s’amarrer dans le port, à
quai. Pas de problème pour monter sur le quai : le marnage n’est ici
que de 50cm, les échelles sont inutiles, même à marée basse !
Les
autorités apprécient que l’on se signale à la VHF en arrivant. Nous ne
l’avons pas fait, et on nous en a fait gentiment la remarque. Il y a
pas mal de paperasses à remplir, dans deux bureaux différents (3 en
repartant). La clearance coûte 50 dollars barbadiens (25$US), plus une
modique taxe de séjour que l’on paye en repartant. Mais tout se passe
dans le calme et la bonne humeur. Attention, il est nécessaire de
comprendre et de parler un minimum l’anglais !
Le mouillage est
très agréable, tous les bateaux mouillés ici viennent de traverser, ce
qui crée une convivialité entre équipages que nous n’avons vue nulle
part ailleurs. Nous y retrouvons nos amis de QUINTUS, connus à la
Gomera, et ceux de l’ECHAPEE BELLE, connus à Porto Santo et retrouvés
aux Canaries.
Pour aller à terre, on débarque en annexe au Boatyard
: bar, restaurant et services divers. Les annexes restent sur la plage,
sans problème de vol, et on y trouve un robinet d’eau (gratuite). Pour
le gasoil, la station service est juste derrière la plage. Dans les
deux cas, il faut être équipés en jerrycans, pour ne pas faire trop de
voyages, mais on se les prête d’un bateau à l’autre.
La ville est à
proximité, et on y trouve presque tout : marché, supermarchés, grands
magasins, quincaillerie-shipchandler, et même un magasin de composants
électroniques, ce qui nous a permis de dépanner le groupe électrogène
de QUINTUS. Beaucoup de magasins sont duty free. Nous n’avons pas
essayé, mais il semble qu’on puisse acheter en détaxe, en présentant
les passeports et les papiers du bateau.
Nous passons Noël à
Bridgetown. Le 25, des équipages australiens organisent un grand
barbecue au Boatyard, où tous les équipages sont conviés. Ils
attendaient une cinquantaine de personnes, nous nous retrouvons près de
140, dans une sympathique ambiance, avec distribution de cadeaux à
chacun.
Après huit jours de séjour confortable, une petite houle de
sud entre sur le mouillage. Pas au point de rendre le mouillage
rouleur, mais formant de belles déferlantes sur la plage. Dans ces
conditions, il vaut mieux descendre en maillot de bain, avec ses
vêtements, papiers et appareil photo dans un sac étanche. Il y a même
un risque sérieux de retourner l’annexe, et certains équipages
préfèrent y aller aux avirons pour ne pas risquer de noyer le petit
hors-bord.
BEQUIA (SAINT VINCENT - GRENADINES)Une
nuit de mer (agitée) depuis la Barbade, et nous voici à Bequia
(prononcez Békoué), île située juste au sud de l’île principale de
Saint Vincent. Une grande baie, assez fermée et donc bien abritée, où
sont mouillés des dizaines de bateaux. Changement d’ambiance : ici, 80%
des bateaux sont des bateaux de location, et nous nous sentons
étrangers, avec notre bateau personnel ! Heureusement, nous retrouvons
ici QUINTUS, et GINI connu à la Gomera.
Le mouillage est
confortable, mais venté. Il doit y avoir une accélération du vent dans
la vallée qui débouche sur le mouillage, et nous voyons plusieurs
bateaux déraper. Pour descendre à terre, on laisse l’annexe au ponton
du restaurant Frangipani, et on n’est qu’à quelques centaines de mètres
du “centre ville” de Port Elisabeth. Bequia est un port d’entrée
important pour les Grenadines de Saint Vincent, car les guides de
navigation du coin déconseillent (peut-être à tort) de faire l’entrée à
Saint Vincent même. La douane, l’immigration et la poste sont regroupés
dans le même local, ce qui crée une belle pagaille, avec les nombreux
équipages des bateaux de location venant faire leur clearance d’entrée
ou de sortie. Mais tout s’arrange avec un peu de patience.
Ressources
de base dans le village, avec marché et petit supermarché. Et une
petite librairie qui vend des guides de navigation, des cartes marines
et des pavillons de courtoisie du coin. C’est important car dans la
région, presque chaque île est un pays indépendant.
Une nouveauté
que nous retrouverons souvent par la suite : des gars du coin
sillonnent le mouillage dans des embarcations à moteur hors-bord, et
proposent divers services livrés directement à bord : pain, glace,
fruits, poissons, langoustes, et même à Bequia eau et gasoil. C’est
généralement assez cher, mais ça rend réellement service, surtout dans
les petits mouillages où il n’y a aucune ressource à terre. On peut
marchander, mais nous hésitons à le faire, car leur niveau de vie est
beaucoup, beaucoup plus faible que le nôtre...
Après quelques
jours à Bequia, nous partons explorer les Grenadines. C’est un archipel
formé d’îles, d’îlots et de récifs de corail, très proches les uns des
autres. Les navigations ne dépassent jamais quelques milles, et on
trouve partout des mouillages forains dans des sites de rêve... Cet
endroit est malheureusement très fréquenté, surtout depuis le
développement récent des flottes de bateaux de location. Il faut faire
ici, en navigation, une veille anti-collision sérieuse, ce que nous
n’avions pas vu depuis la baie de Quiberon !
Au mouillage à Bequia
PETIT NEVISIlot
désert, à moins d’un mile au sud de Bequia. Le mouillage sous le vent
de l’île est minuscule, et reste un peu rouleur, sans être
inconfortable. Il faut dire que nous avons un alizé toujours musclé
(force 6, grains à 7).
Pas de plage sous le vent, on débarque sur un
vieux ponton. A terre, nous trouvons quelques installations ayant servi
au dépeçage des baleines, et surtout notre première plage de cocotiers,
au vent de l’île. Elle est petite, mais typique : plage de sable blanc
bordée de cocotiers mollement bercés par l’alizé, mer turquoise brisant
sur les récifs, on s’y croirait !
CANOUAN (ANSE CUYAC)Quinze
milles plus au sud, l’île de Canouan. Nous mouillons dans l’anse Cuyac,
minuscule mouillage bien abrité sous le vent de l’île. Le site devait
être joli naguère, mais un hôtel va être construit ici, et la vue est
défigurée par des amoncellements de matériaux de construction :
graviers, parpaings... et même un énorme tas de sable blanc.
Y-aurait-il un projet de plage artificielle ?
L’endroit est
complètement déventé par la côte élevée, et le vent est assez
imprévisible sur le mouillage : grosses rafales descendant de la
colline, longues périodes de calme, et même brises d’ouest... Il faut
laisser de la place au bateau pour éviter. Heureusement, l’endroit est
peu fréquenté : nous ne sommes que deux bateaux pour la nuit.
MAYREAU (SALT WHISTLE BAY)Cette
petite baie dans le nord de l’île de Mayreau semble sortie d’une carte
postale ! Eau verte, plage de sable, cocotiers... superbe ! Un hôtel
composé de bungalows occupe la baie, mais les constructions sont
quasiment invisibles, dissimulées sous les cocotiers. On est loin du
bétonnage du littoral des Canaries ! Ici, les promoteurs immobiliers
s’adressent à des clients qui cherchent un contact avec la nature, et
c’est bien agréable.
Le jour de notre arrivée, le mouillage est
assez encombré, nous mouillons assez loin de la plage et c’est un peu
rouleur. Mis le lendemain, miracle ! La plupart des bateaux étant
partis, nous nous rapprochons, et ça devient très confortable
(Attention, pas beaucoup d’eau : moins de 3m). Seul regret, l’eau est
assez trouble, et on a du mal à voir le fond, malgré la faible
profondeur.
Salt Whistle Bay, à Mayreau
LES TOBAGO CAYSTrès
célèbres (et même un peu trop !), à deux milles au vent de Mayreau,
cinq îlots à l’abri d’une grande barrière de corail, où nous avons
pratiqué deux mouillages différents.
Au sud de BaradalTrès
fréquenté, mais il y a de la place. On n’est pas abrité par l’île, mais
directement par la barrière de corail, à quelques centaines de mètres.
Aucune houle, le mouillage est très confortable, mais l’alizé
frais (nous avons toujours notre 5 à 6, comme depuis plusieurs semaines
!) lève un petit clapot qui est gênant pour nager. On en profite quand
même, comme dans tous les mouillages de la région, pour aller regarder
si l’ancre à bien croché. Cette eau très claire, et à 27̊C a bien des
avantages, on ne fait jamais ça en Bretagne !
Entre Petit Bateau et Petit RameauTrès
pittoresque, on est mouillé dans un chenal étroit, entre deux îles avec
plages de cocotiers, et c’est beaucoup moins fréquenté que Baradal. Il
y a aussi un peu moins de clapot. Il semble qu’il y ait parfois du
courant qui puisse faire éviter les bateaux, mais nous ne l’avons pas
vu... Rien à voir avec les courants de marée en Bretagne ! Notre alizé
musclé nous a toujours maintenus dans la même orientation.
Seul
regret, dans la journée, de grands catas day charters viennent déverser
sur Petit Bateau des hordes de touristes blancs (le premier jour) et
rouges (les jours suivants), et les récupèrent quelques heures plus
tard. L’endroit ne retrouve sa tranquillité que dans la soirée.
UNION (CLIFTON)Retour
à la civilisation, après 6 jours de mouillage sauvages : Clifton, sur
Union Island est un village avec presque une vraie marina. C’est une
base active de location de bateaux. Nous mouillons au sud de Green
Island, petit îlot, à l’abri de la barrière de corail. Le mouillage est
à l’abri de la houle, mais un peu clapoteux, avec le vent toujours
soutenu. Très beaux fonds sous-marins, sur les coraux près de Green
Island.
A terre, on trouve avant tout un petit aéroport au trafic
incroyable. Heureusement, pas de jets, rien que des petits avions à
hélices, et le bruit n’est pas gênant. L’Anchorage Yacht Club, est un
centre regroupant hôtel, restaurant, laverie, et pontons avec eau
(payante) et électricité. On peut y laisser ses sacs poubelles, mais
c’est aussi payant... Le village de Clifton est tout petit, et on n’y
trouve que les ressources de base.
PALM ISLAND A
moins d’un mille de Clifton (aux Grenadines, on fait vraiment de la
petite croisière !). Joli mouillage devant une belle plage, très chic.
C’est un peu rouleur, mais quand on est passé à Funchal, on n’y prête
plus attention. Par contre, pas de clapot, et la baignade est agréable.
Mouillage de Palm Island
PETIT SAINT VINCENTBeau
mouillage, sous le vent de l’île, devant une grande plage. Hôtel très
chic à terre, mais comme toujours très discret, et qui ne dénature pas
le paysage. Le mouillage est confortable, pas de houle et peu de
clapot. Très beaux coraux, avec de beaux poissons vers le rivage. Petit
Saint Vincent sera le mouillage le plus sud d notre croisière (12̊32’N
61̊23’W), et nous attaquons notre remontée vers le nord.
UNION (CHATAM BAY)Retour
à Union, mais sous le vent de l’île cette fois. Chatam Bay est une
immense baie, peu fréquentée, dans un site très sauvage, entouré de
collines couvertes d’une végétation luxuriante, et sans aucune
construction. L’abri est excellent, ni houle, ni clapot. Baignade de
rigueur, comme dans chaque mouillage, mais là, surprise ! On nage
vraiment au milieu des poissons, de toutes tailles et de toutes
couleurs, avec en plus d’énormes coquillages dans le fond. Quand on va
au-dessus des coraux, c’est féerique. On voit que la baie est peu
fréquentée (aux Tobago, pour voir des poissons, il faut aller les
chercher). On a aussi droit à un meeting aérien de pélicans, très
spectaculaire !
MAYREAU (SALINE BAY)De
retour à Mayreau, nous mouillons à Saline Bay, mouillage principal de
l’île. C’est un mouillage agréable, sans houle ni clapot, devant une
belle plage de sable (eh oui, encre une !). Un petit village domine la
colline. On peut y monter, pour avoir une jolie vue sur les Tobago et
les îles environnantes, mais on y est assailli par une bande de gamins,
qui mendient sans cesse. Ca gâche le plaisir de la promenade à terre.
Pour nous consoler, nous avons le plaisir de voir arriver nos amis de QUINTUS.
CANOUAN (GRAND BAY)Toujours
en remontant vers le nord, nous mouillons à Grand Bay, le mouillage
principal de Canouan, devant le village de Charlestown. Assez
fréquenté, nous sommes plusieurs dizaines de bateaux. L’île est assez
élevée, et nous sommes dans le dévent. Le vent est faible et
imprévisible, les bateaux au mouillage sont orientés tous azimuts.
Heureusement, que la baie est vaste, on peut laisser un grand rayon
d’évitage entre les bateaux.
Au fond de la baie, une belle plage de
sable. Elle est bordée de plusieurs bars et restaurants, dont l’un
sonorise toute la baie, le soir. A 300 mètres de distance, la musique
est encore très présente, les clients réguliers sont probablement tous
sourds, ou le seront sous peu...
Un retour à Béquia, où nous ferons la clearance de sortie achèvera notre croisière aux Grenadines de Saint Vincent.
MARIGOT BAY (SAINTE LUCIE)Après
une traversée de 62 milles (on avait perdu l’habitude de naviguer aussi
longtemps !), nous arrivons à Marigot Bay, sur Sainte Lucie,
mouillage très célèbre. Trop célèbre : c’est extrêmement fréquenté,
d’autant plus que c’est une base Mooring. C’est quand même très joli :
une ria étroite et profonde mène, après une pointe sableuse couverte de
cocotiers, à un bassin très fermé, entouré de palétuviers. Le mouillage
est petit, et on mouille proches les uns des autres. Heureusement, on
est abrité par les collines environnantes, très boisées, et le vent
reste faible dans le mouillage.
Les installations Mooring occupent
le sud de la baie, et on y trouve aussi le bureau de
douane-immigration. Les formalités sont rapides, entrée et sortie dans
la foulée, mais c’est assez cher : 45$EC, dont 15$EC d’overtime, car
c’était un samedi (Le dollar East Caribbean, ou Biwi, est la monnaie
des îles ex-anglaises, il vaut environ 0,4$US). En faisant la queue
devant une cabine téléphonique, nous avons la surprise de retrouver là
un ami québécois, skipper professionnel, que nous avions totalement
perdu de vue depuis plusieurs années. Le monde de la voile est
vraiment petit !
On n’est pas invité à la baignade : l’eau est
trouble, et même franchement boueuse après les grains (notre séjour à
Marigot Bay est très arrosé !), et en plus, avec tous ces bateaux
mouillés dans un bassin fermé sans marée, ça ne doit pas être très
hygiénique. Et n’oubliez pas les répulsifs anti-moustiques, on est
entouré par la mangrove.
Marigot bay, sur sainte Lucie
RODNEY BAY (STE LUCIE)Il
y a une marina moderne dans cette grande baie bien abritée au nord de
Sainte Lucie, mais nous choisissons de mouiller sur ancre dans la baie.
Dans le milieu de la baie, il y a très peu d’eau, et les bateaux sont
mouillés très loin de la plage. Nous préférons mouiller juste au sud de
Pigeon Island, où c’est un peu plus profond. C’est aussi bien plus loin
de la ville, mais nous n’avons pas besoin de ravitaillement.
Pigeon
Island est en réalité une presqu’île, et c’est un parc dont l’entrée
est payante. Quand nous débarquons en annexe, on nous demande gentiment
d’aller prendre nos tickets à l’entrée. On y trouve les vestiges d’une
garnison anglaise installée ici pour canonner les vaisseaux français
qui passaient à portée (on n’est qu’à 20 milles au sud de la
Martinique), et pour défendre la baie contre les mêmes vaisseaux
français (il y avait de l’ambiance dans la région, il y a quelques
siècles !). Il ne reste qu’un joli parc, propre et bien entretenu, et
bien agréable pour une balade.
Juste à l’est du parc commence une
grande plage, suivie d’un terrain vague. Attention, l’endroit semble
fréquenté le soir par des individus à l’attitude assez équivoque :
mieux vaut rester à bord...
SAINTE ANNE (MARTINIQUE)Le 19 janvier 99, après près de 5 mois passés à l’étranger, nous arrivons à nouveau en France !
Si,
si, malgré les cocotiers, Sainte Anne au sud de la Martinique est
nettement un village français. La mairie, la poste, l’église, tout est
comme chez nous ! Et c’est bien agréable. Et en plus, on y trouve du
vrai pain !
On mouille dans la grande baie, soit devant le village,
soit plus au nord devant la plage, ce que nous faisons. Le mouillage
est très agréable, les bateaux sont nombreux mais il y a de la place.
On débarque en annexe soit sur la plage, soit au ponton devant le
village. Le village est sympathique, il y a un marché animé où l’on
trouve tous les produits locaux, les commerçants sont souriants... Très
agréable escale.
LE MARIN (MARTINIQUE)La
marina de la Martinique ! Elle est située tout au fond du Cul de Sac du
Marin. L’entrée est tortueuse, entre les pâtés de coraux, mais le
balisage est bien fait (on est en France !). On peut mouiller à
plusieurs endroits ou aller aux pontons dans la marina, mais dans ce
cas il vaut mieux réserver auparavant, par téléphone ou par fax.
On
s’amarre cul à quai, avec une amarre à l’étrave frappée sur une bouée,
assez loin devant. La manoeuvre est pittoresque et il vaut mieux avoir
un bateau bien manoeuvrant en marche arrière, ce qui est le cas de
MILLIVORE, heureusement... Mais si besoin, un gars du port vient donner
un coup de main.
Nous restons 17 jours ici, fin janvier 99, où de la
famille vient nous rendre visite. Nous y retrouvons l’ECHAPPEE BELLE,
QUINTUS, et TIESTOU et son skipper Willy, un voiler belge qui a
traversé l’Atlantique en même temps que nous, et avec qui nous étions
en liaison radioamateur quotidienne durant la traversée.
A terre, la
douane, et toutes les ressources d’une marina française, avec les
commerces spécialisés : shipchandler, voilerie, gréement,
électronique...
A ce propos, le gars de DIGINAV, censé être le
représentant NKE pour la Martinique, ne me semble pas être à la hauteur
: notre pilote automatique Arthur ayant un problème intermittent,
l’intervention de DIGINAV s’est limitée à me conseiller d’envoyer tout
le pilote en France. Il a même refusé d’envoyer un fax à NKE France...
Et nos amis de l’ECHAPPEE BELLE ont également eu des problèmes avec
cette société... L’impression est qu’il fait son chiffre d’affaires
avec des sociétés de location locales, et qu’il ne souhaite pas
s’emm... avec les bateaux de voyage.
Par contre, NKE France, joint
par téléphone, m’a gentiment (et gratuitement) envoyé une autre version
du logiciel du pilote. A mon avis, ils devraient changer de
représentant en Martinique.
Mais revenons au Marin. On y trouve
les ressources de base, la boulangerie est sur le port (tarifs Côte
d’Azur en août, mais le pain est bon !). Le supermarché est assez loin,
sur la route de Fort de France. A proximité, un grand chantier permet
de sortir le bateau. Nous y carénons MILLIVORE, qui commençait à en
avoir bien besoin malgré les coups de brosse occasionnels lors des
baignades. Attention, on travaille ici au rythme antillais, et les
employés du chantier ont été suffoqués quand nous avons prétendu sortir
le bateau, le caréner au karcher, passer l’antifouling, et le remettre
à l’eau dans la même journée ! Ca se fait normalement ici en deux ou
trois jours... Mais nous avons tenu les délais, seule une panne du
travelift a failli nous empêcher de remettre à l’eau le soir.
Pour
aller à Fort de France, pas de bus, mais des taxis collectifs : sorte
de mini-bus dont les horaires et les arrêts ne sont pas figés. C’est
bien pratique et pas cher du tout. Pas de possibilité de baignade dans
le Cul de Sac du Marin : eau trouble et littoral marécageux à mangrove.
Comme nous avons une voiture, nous allons nous baigner dans le sud de
Sainte Anne, sur la plage des Pétrifications, quelques kilomètres après
la plage des Salines trop fréquentée. Belle plage de sable fin bordée
de cocotiers, protégée de la houle, et avec la possibilité de garer la
voiture à l’ombre. Et en plus les chiens n’y sont pas interdits : Sweet
y apprend à nager en quelques jours !
PETITE ANSE D’ARLET (MARTINIQUE)Nous
avions l’intention de visiter la côte au vent de la Martinique, réputée
très belle, mais le temps incertain avec un alizé toujours musclé, nous
décide à y renoncer. D’autant plus que nous avons à bord pour une
semaine, deux membres de la famille sans expérience nautique. Nous
remontons donc la Martinique sous le vent, et notre première journée
depuis le Marin nous mène à la petite anse d’Arlet.
Très joli
mouillage, dans une pette baie, devant une plage et un petit village.
Nous mouillons dans le centre de la baie, sur fond de sable. L’eau y
est très claire, mais les poissons peu nombreux. Nous y verrons quand
même une grande raie ! D’après nos amis de l’ECHAPPEE BELLE, en
mouillant près de la rive sud, on nage vraiment au milieu des poissons.
Nous ne restons qu’une nuit, et n’explorons pas le village, qui paraît cependant joli vu du large.
Martinique - le rocher du Diamant
SAINT-PIERRE (MARTINIQUE)Dernière
escale en Martinique, nous mouillons devant Saint-Pierre. Pas facile :
les fonds descendent très vite, tous les bateaux sont agglutinés dans
la petite zone où les fonds sont corrects, et nous nous retrouvons
mouillés par plus de 15m d’eau. 50m de mouillage dehors, dont 35m de
chaîne de 10, je ferai mon sport de la journée en remontant tout ça au
guindeau manuel demain matin !
On débarque au ponton ou sur une
petite plage très pentue de sable noir (le volcan n’est pas loin !). La
ville de Saint-Pierre est assez triste, elle ne s’est, semble-t-il, pas
vraiment remise de sa destruction par une éruption de la Montagne Pelée
en 1902. Un musée minuscule, mais néanmoins intéressant, est consacré à
l’événement.
PORTSMOUTH (DOMINIQUE)58
milles de traversée, dont une partie au moteur, sous le vent de la
Dominique, et nous voici à Portsmouth, grande baie au Nord de l’île.
Plusieurs milles avant d’arriver, nous sommes accostés au large par
Ravioli, un gars du coin dans sa barque colorée, qui nous souhaite la
bienvenue en Dominique, avec le sourire, et nous propose la remontée de
la Rivière indienne avec lui pour le lendemain. Une fois mouillée (près
de l’ECHAPPEE BELLE arrivé la veille), un autre gars vient nous
proposer des fruits, et c’est tout ! Le comité d’accueil avait pourtant
la réputation d’être particulièrement sauvage en Dominique, avec des
hordes de gamins s’agrippant au bateau, mais apparemment, c’est
maintenant parfaitement organisé.
Descente en ville en annexe pour
les formalités. Dans le fond de la baie se trouvent plusieurs épaves de
cargos échoués, résultat d’un récent cyclone. L’immigration se trouve
dans le centre du village mais il faut passer d’abord à la douane. Pas
de problème, me dit le fonctionnaire, c’est à 5 minutes, près du wharf.
Il oublie de me dire que c’est à 5 minutes en voiture ! C’est au port
de commerce, à l’autre bout de la baie !... Bonne occasion de se
dégourdir les jambes !
Le lendemain, Ravioli vient nous chercher à
bord de MILLIVORE, et nous emmène sur la Rivière indienne. Très
agréable promenade, aux avirons (les moteurs hors-bord sont interdits),
sur une belle rivière qui serpente dans une végétation luxuriante, avec
commentaires en Français du sympathique Ravioli. La scène doit avoir un
petit côté colonial : Nous sommes 4 blancs à bord, et c’est le noir qui
rame !
De retour à Portsmouth, suite aux agréables impressions que
nous laisse cette promenade, nous souhaitons visiter l’intérieur de
l’île en voiture. En quelques minutes, Ravioli nous trouve une voiture
assez grande, et comme le chauffeur ne parle pas Français, un autre
gars nous accompagne pour les commentaires. Quatre heures plus tard,
après la visite de cette île très belle et encore très sauvage, Ravioli
est là, au port, et nous ramène à bord de MILLIVORE dans sa barque.
Il
semble que les gars du coin ont compris comment traiter les touristes :
sourire, amabilité, aucune agressivité, qualité du service, tout y est
pour nous inciter à rester ou à revenir...
La rivière Indienne, en Dominique
La côte au vent de la Dominique
BAIE DE PONT-PIERRE (LES SAINTES)Nous
abordons l’archipel de la Guadeloupe, aux Saintes, dans la baie de
Pont-Pierre. Il s’agit d’une baie étroite et profonde ouverte au nord,
sur la côte au vent de Terre d’En Haut. Nous entrons par vent frais
d’est et mer agitée, c’est assez impressionnant ! Mais la mer se calme
très vite dès qu’on pénètre dans la baie. Attention, il y a des coraux
partout ! La baie semble peu fréquentée, nous ne sommes que trois
bateaux pour la nuit. On mouille dans l’eau verte (qui indique un fond
de sable) au fond de la baie, à quelques dizaines de mètres du récif.
Le mouillage est très joli, aéré, et bien protégé par trois îlots
rocheux. Cela dit, par vent fort de nordet, ça doit devenir houleux, et
la sortie risque même d’être dangereuse... Aucune construction à terre,
une belle plage de cocotiers au fond de la baie, et des chèvres sur les
collines environnantes : splendide ! Evidemment, il faut être autonome,
il n’y a aucune ressource. Nous allons nager avec masque et tuba sur
les coraux : le récif est magnifique, avec de très beaux poissons,
c’est féerique ! L’endroit est digne des plus jolis coins des
Grenadines.
MARINA DE RIVIERE SENS (GUADELOUPE)Après
une traversée courte, mais bien arrosée par un GGG, nous entrons à la
marina de Rivière Sens, où nous attend Lucien un radioamateur contacté
pendant la grande traversée. Cette petite marina tranquille est située
au sud de Basse-Terre, sous le vent de l’île. On s’amarre cul à quai,
avec une amarre sur une bouée à l’avant, comme au Marin. Mais ici, il y
a beaucoup moins de place pour manoeuvrer. Eau et électricité à quai,
ponton à gasoil, c’est le luxe ! Un bureau de douanes qui permet de
régler les formalités rapidement, un petit shipchandler bien de chez
nous (Accastillage Diffusion), et quelques commerces. Pour un
ravitaillement plus complet, il faut aller à Basse-Terre, un peu plus
au nord. C’est un peu loin pour y aller à pied (surtout le
supermarché), et comme nous voulons aussi visiter l’île, et aller à
Pointe-à-Pitre, nous louons une voiture.
Lucien sera notre mentor
durant notre séjour en Guadeloupe : soirée ripaille et punch avec
d’autres radioamateurs, balade vers Pointe-à-Pitre, soirée au carnaval
de Basse-Terre... Il est vraiment agréable, en escale, d’être
accueillis aussi chaleureusement par quelqu’un vivant sur place !
Nous
visitons aussi la Soufrière, sous la pluie (c’est normal, c’est un des
endroits les plus arrosés du monde : 12m d’eau par an !), et les chutes
du Carbet, où nous ne distinguons plus l’eau de la chute de l’eau de
l’averse !... C’est quand même très beau, en pleine forêt tropicale. A
Pointe-à-Pitre, nous visitons principalement l’aéroport, où nous allons
chercher des amis qui vont naviguer quelques jours avec nous, et bien
sûr la marina... Très grande et bien protégée, avec tous les commerces
à proximité. Nous y retrouvons GINI, qui nous offre le ti-punch.
L’ECHAPPEE BELLE est aussi à Pointe-à-Pitre, mais au mouillage, et nous
ne verrons pas nos amis.
Chute du carbet, sous la pluie !
L’ANSE A LA BARQUE (GUADELOUPE)Nous
quittons Rivière Sens pour Deshaies, au nord de Basse-Terre, mais une
situation météo bizarre nous envoie du vent de nord à nord-ouest
(si, si !) 4 à 6, avec des grains ! Et dire que nous naviguons sous le
vent de la Guadeloupe pour avoir une mer calme ! Nous croisons un
groupe de gros cétacés (cachalots probablement), et nous nous trouvons
en route collision avec l’un d’eux : impressionnant ! Comme nous
naviguons au près, tribord amure, c’est lui qui se déroute, et il passe
à quelques mètres sur notre arrière...
Nous en avons vite assez de
ce vent plein debout, qui continue à fraîchir, et nous nous déroutons
sur l’Anse à la Barque, 6 milles seulement au nord de Rivière Sens.
C’est un joli mouillage, un peu rouleur avec ce vent de nord, mais
probablement confortable en temps normal. De nombreuses barques
multicolores sont mouillées sur des corps morts. Des cocotiers dans le
fond de la baie, mais pas de plage, ce qui complique un peu la descente
à terre (il faut pourtant y aller, Sweet attend...). A terre, aucune
ressource, mais un imposant phare qui permet d’entrer même de nuit.
DESHAIES (GUADELOUPE)Le
lendemain, nous entrons à Deshaies, notre dernière escale en
Guadeloupe, dans cette grande baie ouverte à l’ouest, le mouillage est
encore un peu rouleur, avec le restant de houle de nord d’hier. Ca
reste confortable à bord, mais la descente à terre devient délicate :
grosses déferlantes sur la plage, plus de 50cm de houle au niveau du
ponton... Seule solution : entrer avec l’annexe dans le petit port de
pêche, au sud de la baie. L’eau y est parfaitement calme, mais
encombrée par de nombreux cordages flottants. Il faut remonter le
hors-bord et finir aux avirons. Et il n’y a rien de pratique pour
débarquer : on descend directement sur les rochers glissants de la
jetée.
La bourgade est jolie, avec tous les commerces de base, poste, banque et restaurants.
ENGLISH HARBOUR (ANTIGUA)Une
traversée agréable au bon plein, et nous entrons dans le superbe
mouillage d’English Harbour, à Antigua. Une première baie, ouverte au
sud-ouest, est déjà bien protégée des vents dominants, et c’est là que
nous mouillons. Elle se prolonge par une autre baie profonde,
parfaitement abritée de tous les vents (c’est un trou à cyclone
réputé). On y trouve quelques superbes yachts au mouillage ou à quai.
Changement d’ambiance : ici, nous ne sommes plus en France, mais en
Angleterre ! A terre, les anciennes installations de Nelson forment un
parc national, et sont en cours de restauration, dans une ambiance très
british !
La clearance et les frais de port (si, si, même quand on
mouille sur ancre dans la baie extérieure...) sont assez chers. Peu de
ressources à proximité du port, mais on peut prendre un taxi collectif
qui nous dépose au supermarché (anglais lui aussi, hélas !), à quelques
kilomètres de là. Sur l’autre rive, quelques commerces, dont un
shipchandler assez bien fourni. Après deux jours à English Harbour,
nous envisageons un départ de bonne heures pour Saint Kitts, à 60
milles. Dès l’aube, j’attend l’ouverture des bureaux pour la clearance
de sortie, mais c’est un dimanche... Le gars du port n’arrive qu’à
9h30, et le douanier à 10h30 ! Plus question d’arriver à Saint Kitts
avant la nuit : nous décidons de partir pour Five Island Harbour,
toujours sur Antigua, et de traverser de nuit ensuite directement sur
Saint Barth.
Mouillage d' English Harbour à Antigua
FIVE ISLAND HARBOUR (ANTIGUA)Une
immense baie, ouverte à l’ouest, donc bien protégée des vents
dominants. On peut mouiller un peu partout, devant de belles plages de
sable, dans des sites très sauvages, sans aucune construction. Très
joli coin, mais sans aucune ressource. Et peu fréquenté, nous n’étions
que quelques bateaux sur notre mouillage. Pas de baignade, l’eau est
trop froide. On a tellement pris l’habitude de se baigner dans des eaux
à 27 - 28̊C, que quand elle tombe à 25̊C, on la trouve glaciale !
Et à 19h, nous partons pour une nuit de mer vers Saint Barth.
GUSTAVIA (SAINT BARTH)Nous
arrivons à Gustavia à 8h le lendemain, après une agréable nuit au grand
largue par mer belle. Des dizaines de bateaux sont mouillés devant
l’entrée du port, très sommairement abrités. Appel à la VHF, oui, oui,
il y a de la place à quai pour nous. Nous nous retrouvons cul à quai,
avec une ancre mouillée sur l’avant, entre deux énormes motor-yachts de
plus de 30 mètres chacun : MILLIVORE donne l’impression d’être une
annexe de l’un d’eux ! Au début, c’est pittoresque, mais on en voit
vite les inconvénients : ces grosses bêtes font tourner leurs groupes
électrogènes 24h sur 24, et comme le port est complètement déventé, on
baigne en permanence dans une odeur d’échappement de diesel. Et en
plus, ça fait du bruit !
Gustavia est une jolie bourgade, mais tout
y est très cher. Mais oui, mais oui, c’est un port franc ! Mais les
commerçants semblent compenser l’absence de taxes par leurs marges
bénéficiaires...
Non, tout n’est pas cher ! Nous ne payons que 70F
par jour pour la place de port de MILLIVORE, mais l’eau est payante (12
centimes par litre). Tous les bateaux, y compris les gros monstres,
sont mouillés comme nous, cul à quai, avec une ancre à l’avant, d’où un
joyeux mélange d’ancres et de chaînes dans le fond du port. Chaque fois
qu’un gros yacht essaie de relever son mouillage, il en relève aussi
deux ou trois autres, et passe un certain temps (souvent plus d’une
heure...) à démêler son mouillage du sac de noeuds. C’est assez
réjouissant (pour les spectateurs...), mais nous demandons quand même
comment se passera notre départ. En fait, tout se passera bien, la
chaîne et l’ancre remonteront sans problème.
MARIGOT (SAINT MARTIN)L’île
de Saint Martin appartient en partie à la Hollande et en partie à la
France. Nous allons mouiller tout naturellement côté français, devant
Marigot. C’est une grande baie très ouverte, et la houle de nord-est y
entre un peu, mais ce n’est quand même pas Funchal ! On peut aller
aussi dans le lagon, grande étendue parfaitement protégée, mais sans
beaucoup d’eau, accessible côté français ou hollandais. On y trouve une
petite marina, tout près de Marigot. Pas de douane, c’est un port
franc, mais formalités d’immigration sur le port. La fonctionnaire, une
brave dame en uniforme, est en train de lire le journal quand nous
arrivons. Elle nous tend le formulaire à remplir, et se replonge
immédiatement dans sa lecture : parfait exemple du fonctionnaire
français !
La ville est assez animée, avec de nombreux commerces
détaxés. Et là, c’est vraiment moins cher. Un supermarché bien fourni
se trouve à la sortie de la ville, en direction de l’aéroport (c’est un
peu loin, dommage...).
De retour à l’annexe, après un punch bien
mérité sur le port, nous avons la mauvaise surprise de constater le vol
de nos deux avirons d’annexe ! Et dire qu’on ne nous a jamais rien volé
dans les petits pays à faible niveau de vie ! Nous chercherons en vain
des avirons dans les quelques petits shipchandlers de Marigot, et nous
repartirons avec deux petites pagaies qui font un peu jouets de plage
(mais au moins, on ne nous les volera pas !).
Problème pour échanger
les bouteilles de Camping Gaz : on nous renvoie d’un magasin à l’autre,
et finalement on nous en indique un à la sortie de la ville (à l’autre
extrémité évidemment !), trop loin pour y aller à pied, et nous
renonçons. C’est un problème car nous allons entrer dans une zone
américaine où Camping Gaz est inconnu... Nous restons deux jours à
Marigot, où nous laissons nos amis, et nous partons le 25 février en
fin d’après-midi pour une nuit de mer vers les Vierges américaines.
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ANNEXE : La production d’électricité MILLIVORE
est assez gourmand en électricité : il est équipé d’un frigo, que nous
tenons à utiliser même sous les tropiques (beaucoup de bateaux le
coupent aux Canaries), d’un gros pilote in-board (vérin hydraulique sur
la mèche de safran), et d’une centrale de navigation (loch, sondeur,
anémo, girouette, GPS). Comme la nuit tombe tôt sous les tropiques
(vers 18h), nous éclairons bien plus que lors de nos croisières d’été
en Europe. Et sa station de radioamateur, installée au dernier moment
n’a pas arrangé les choses... Il n’a cependant ni radar, ni guindeau
électrique, ni gadgets électroniques comme les lecteurs de cartes...
Lors
de notre départ de Bretagne, la production était assurée par 3 panneaux
solaires de 18W chacun, à plat pont, et par un alternateur d’arbre
d’hélice. Plus évidemment l’alternateur du moteur. Ainsi équipé, la
production était suffisante pour assurer nos croisières en Bretagne et
en Espagne depuis plusieurs années, au point qu’il n’y avait pas de
chargeur 220V à bord. Mais j’avais quelques doutes pour le voyage...
Et en effet, nous avons eu très vite des problèmes de production, dus à plusieurs causes concourantes :
La durée des escales :
En
grande croisière, il est fréquent de rester plusieurs jours, voire une
semaine et plus au même endroit, ce qui n’arrive jamais en croisière
d’été d’un mois. Aux escales, le moteur et l’alternateur d’hélice sont
inopérants, et seuls les panneaux solaires produisent.
La couverture nuageuse :
En
Europe, le temps est sensiblement plus couvert en automne qu’au mois de
juillet. Nous avons eu dans l’ensemble un temps nuageux ou couvert
jusqu’au sud de Lisbonne. Et sous les tropiques, le ciel est quasiment
toujours nuageux.
La durée des jours :
Beaucoup plus courte en
automne qu’en juillet. Ca s’améliore en descendant au sud mais même
sous les tropiques, on a guère plus de 12 heures de clarté par jour
(toute l’année). J’ai fait le calcul, qui donne un résultat curieux :
l’énergie reçue chaque jour par un panneau solaire horizontal est
nettement plus faible sous les tropiques (quelle que soit l’époque de
l’année), qu’en Bretagne en juin-juillet... Si on ajoute à ça le temps
nuageux, et la fait que le rendement des panneaux solaires baisse avec
la température, on comprend mieux qu’ils n’arrivent plus à étaler.
La consommation du frigo :
L’isolation
du frigo de MILLIVORE est assez sommaire, comme sur la plupart des
bateaux de série. J’ai essayé de l’améliorer, mais sans grand succès.
Avec une température d’air aux alentours de 30̊C, et une eau de mer à
27̊C, la consommation du frigo a fait un bond monstrueux : de 20Ah par
jour en été en Bretagne ou en Galice, elle est montée à 50Ah par jour
sous les tropiques !
Tant que l’on navigue, pas de problème :
sous voiles, l’alternateur d’hélice produit environ 5A à 5 noeuds, 8A à
6 noeuds, et près de 15A à 7 noeuds. Ceci suffit à tout alimenter,
frigo, pilote, électronique... Et en croisière côtière, on fait chaque
jour un peu de moteur, ne serait-ce que pour les manoeuvres de port.
Mais le problème apparaît dès que l’on reste quelques jours en escale.
Un chargeur 220V est utile dans les marinas, mais ne résout pas tout :
entre le Portugal et la Martinique, en plus de 3 mois, nous n’avons eu
qu’une semaine de marina avec électricité, à la Gomera...
Dès le
Portugal, nous avons cherché une éolienne, mais nous ne l’avons trouvée
qu’à Las Palmas, aux Canaries. C’est une Air Marine, réputée pour être
une des plus performantes (et des plus chères). Je la monte de façon
amovible, sur un mât sur la plage avant, uniquement au mouillage.
L’idéal est bien sûr de la monter à poste fixe, où elle ne gêne pas,
par exemple sur un mât à l’arrière. Sa production était décevante aux
Canaries, où la plupart des ports sont sous le vent d’îles élevées, et
donc très peu ventés. Par contre, elle est tout à fait efficace aux
Antilles, surtout avec l’alizé musclé que nous avons cette année.
Inconvénient : elle fait un peu de bruit.
Si on veut franchir un
degré de plus dans le confort électrique (congélateur, radar,
désalinisateur, télécommunications satellite...), on ne coupe pas au
groupe électrogène, malgré ses inconvénients : bruit, carburant,
encombrement... Attention, certains bateaux qui ont tout misé sur le
groupe électrogène arrivent à le faire tourner 18h par jour, en mer !
Et gare s’il tombe en panne ! (si, si, ça arrive !...)
Retour page MillivoreESCALES AUX VIERGES AMERICAINES,
A PORTO-RICO
ET AUX BAHAMAS
Juin 1999
Jusqu'à
présent, notre croisière à bord de MILLIVORE était très classique. Mais
alors que la plupart des bateaux français repartent du nord des petites
Antilles vers les Bermudes ou les Açores, nous continuons à suivre le
soleil... Nous verrons désormais beaucoup moins de bateaux européens,
et de plus en plus d'américains et de canadiens.
CRUZ BAY (SAINT JOHN, VIERGES US)La
réglementation britannique sur les animaux nous empêche de visiter les
Vierges Anglaises (tant pis pour eux, ils n'auront pas nos dollars !),
et nous décidons d'aller tout droit aux Vierges Américaines. Après une
nuit de mer assez inconfortable (vent arrière faible et houle), nous
voici à Cruz Bay, port d'entrée de Saint John.
Pas beaucoup de
place devant le port, nous mouillons entre les deux chenaux d'accès,
parmi les autres voiliers. La douane et l'immigration occupent le
même bâtiment, au sud de l'anse nord du port. Les fonctionnaires sont
souriants et efficaces, pas de problème, mais ils veulent voir tout
l'équipage en personne. Attention, pour entrer aux USA en bateau de
plaisance, un visa est obligatoire, et c'est cher (près de 800F par
personne). Nous avons de vieux visas "indefinitely" (gratuits, à
l'époque !) qui ne sont plus valables que 10 ans, et qui expirent dans
quelques mois. Pas de problème, ca marche, ouf !
Cruz Bay est un
petit village, avec les ressources de base. Surprise ! ici on roule à
gauche, mais la plupart des voitures ont le poste de conduite à gauche,
bizarre, bizarre ! On y savoure le prix du carburant : 5 litres de
super pour le petit hors bord de l'annexe pour moins de 2$ !
C'est l'Amérique !
Les Vierges Américaines sont formées d'îles
et d'îlots très proches, séparés par des chenaux bien abrités, avec
partout de très jolis mouillages : un vrai paradis de la voile ! C'est
très peu urbanisé, et bien moins fréquenté qu'on pourrait craindre.
Rien à voir avec les Grenadines !
Saint John est en grande partie un
parc national, et on ne peut pas mouiller n'importe où. Le bureau du
parc nous fournit les infos nécessaires, et nous décidons d'aller le
lendemain à Rendez-vous Bay, hors des limites du parc.
RENDEZ-VOUS BAY (SAINT JOHN, VIERGES US)Un
joli mouillage, devant une plage de corail, à 4 milles seulement de
Cruz Bay. La plage et le mouillage sont très peu fréquentés. Repos,
baignades, et grandes promenades sur la plage avec Sweet en liberté...
Une escale comme on les aime !
GREAT SAINT JAMES (SAINT THOMAS, VIERGES US)5
milles plus loin, le lendemain, nous nous arrêtons sous le vent de
Great Saint James, petite île au sud de Saint Thomas. Très beau
mouillage, tranquille. Comme tous les jours, nous allons nager avec
masques et tubas, les coraux sont très beaux, et les poissons nombreux.
Mais attention, les oursins sont monstrueux : énormes, avec des
piquants très longs et très fins. Evitez de leur marcher dessus !
Great Saint James
CHARLOTTE-AMALIE (SAINT THOMAS, VIERGES US)6
milles de traversée agréable, au portant, et nous arrivons à
Charlotte-Amalie. Nous mouillons au nord du quai des paquebots,
parmi de nombreux autres bateaux. A propos de paquebots, nous
retrouvons ici VISION OF THE SEA, que nous avions vu à La Corogne il y
a 6 mois. Le monde est petit...
Il y a une marina au fond de la
baie, où l'on peut prendre un ponton, et où nous laissons l'annexe (il
y a un ponton réservé pour ça). Un petit shipchandler nous permet
d'acheter une carte de Porto Rico et un pavillon de courtoisie des
Bahamas, car il faut penser à la suite du voyage... Un supermarché bien
fourni est à proximité, ce qui est bien pratique. Par contre, le bureau
des douanes est en ville, loin, et pas facile à trouver, ce qui nous
vaut une longue marche en pleine chaleur (nous reviendrons en taxi !).
Nous devons en effet faire une clearance de sortie aux Vierges, puis
une clearance d'entrée à Porto Rico, bien que ce soient deux
territoires US...
Nous quittons les Vierges US trop vite, il y a
tant d'autres mouillages a visiter... Mais le temps presse, nous sommes
déjà début mars, et nous devons être aux Bahamas avant l'équinoxe. Non,
non, pas pour des raisons astronomiques ! Mais pour récupérer un copain
qui viendra nous rendre visite... Il faudra qu'on revienne !...
CULEBRA (PORTO-RICO)Un
petit archipel à l'est de l'île principale de Porto-Rico. Le village se
trouve au fond d'une profonde baie, l'ensenada Honda. L'entrée est
tortueuse, entre les pâtés de coraux, mais le balisage est bien fait.
Nous mouillons devant le village pour faire la clearance d'entrée. Le
douanier a son bureau à l'aéroport, et ne voit pas souvent passer de
bateaux européens. Très sympathique, il nous pose des tas de questions
sur notre voyage et nous fait remplir une bonne dizaine de formulaires.
Nous passons plus d'une heure avec lui, et repartons avec un "cruising
permit", payé 18$, valable pour Porto-Rico et les Vierges US.
Le
village est très petit, et n'offre pratiquement aucune ressource. Par
contre, il y a plusieurs très jolis mouillages sur Culebra, derrière
les barrières de corail, mais nous n'avons pas le temps de nous y
arrêter, dommage...
CULEBRITA (PORTO-RICO)Un
îlot à l'est de Culebra, avec une très belle plage, bon abri par vent
de secteur est. Attention, les fonds remontent vite, et c'est du corail
! Au premier essai, nous posons l'ancre sur une zone de sable, mais dès
que la ligne de mouillage se tend, MILLIVORE vient talonner sur un paté
de corail. Ils sont beaucoup plus hauts que le fond de sable (plus d'un
mètre). Nous repartons mouiller un peu plus au large.
Lors de la
baignade quotidienne, dans une eau très claire, nous voyons la chaîne
de mouillage emmêlée dans les coraux, au risque d'y rester coincée. Pas
question de mouiller sur câblot, ici, il serait cisaillé en quelques
minutes !...
La plage est belle et déserte. Sweet s'y donne a
coeur joie, mais l'île est une réserve naturelle, et il est interdit
d'aller dans l'intérieur.
Au Mouillage à Culebrita
SAN JUAN (PORTO-RICO)Après
une traversée rapide de 50 milles, au portant, nous entrons à San Juan,
capitale de Porto-Rico. La rade est immense, et deux marinas se
trouvent au fond d'un long chenal. Nous jetons notre dévolu sur San
Juan Bay Marina car dans l'autre, il n'y a que des gros bateaux à
moteur. Ce n'est peut-être pas le bon choix... On s'amarre à
l'américaine, cul à quai, sans catway, avec l'avant amarré sur deux
pieux plantés dans l'eau. Ces pieux sont inaccessibles de l'étrave d'un
voilier (ils sont conçus pour les bateaux à moteur très larges à
l'avant), et en plus, à la place qui nous est attribuée, un des pieux
manque, celui au vent bien sûr !... Comme il y a du vent et du courant,
nous nous retrouvons en travers, et il faudra mettre une vraie toile
d'araignée de bouts pour maintenir MILLIVORE en place...
Notez qu'on peut aussi mouiller sur ancre devant les marinas, mais la tenue est paraît-il mauvaise.
Pour
notre première marina américaine, nous sommes gâtés ! Le ponton et les
sanitaires sont vétustes, et le prix est exorbitant : 1.5$ par pied par
jour, soit 54$ par jour pour MILLIVORE !...
L'électricité, c'est
bien sur du 110V, 60Hz... Pour l'eau, petite subtilité : en Europe, la
plomberie est l'un des rares domaines qui n'est pas au système
métrique, mais toujours en fractions de pouces. Je pensais donc
naïvement que les embouts de tuyaux français iraient sur les robinets
américains. Eh bien non ! C'est bien le même diamètre, mais pas le même
pas... Il faut bricoler un adaptateur.
Mais tout ça ne doit pas
vous décourager de faire escale à San Juan. La vieille ville est très
belle, avec la citadelle El Morro qui domine l'entrée de la baie. On y
trouve un supermarché proche de la marina, et plusieurs shipchandlers
dont un grand en face du capitole. L'île mérite une visite de
l'intérieur. Nous avons loué une voiture, et visité la forêt pluviale,
le radiotélescope d'Arecibo, impressionnant (le plus grand du monde,
300m de diamètre), et les grottes du Rio Camuy, spectaculaires.
Entrée de la rade de San Juan
Un
problème permanent aux USA : on n'y trouve pas de bouteilles Camping
Gaz... Et ils remplissent leurs bouteilles de propane et non de
butane... Et les embouts sont évidemment incompatibles... Et il n'est
pas prudent de remplir de propane une bouteille conçue pour le butane,
car la pression est nettement plus forte... Malgré tous ces problèmes,
nous avons pu, sans trop de difficulté, faire remplir une de nos
bouteilles Camping Gaz à San Juan. Notez l'adresse : Rodriguez Gas
Service, Fernandez Juncos 1000, Santurce P.R.
Et après 6 jours
d'escale, nous partons directement pour Great Inagua, première île des
Bahamas, à 450 milles à l'ouest. Le régime météo de la région est assez
simple : par beau temps, les vents sont réguliers d'est. Mais
périodiquement, un front froid arrive par l'ouest. Les vents virent
alors à l'ouest par le sud, en fraîchissant, puis repassent à l'est par
le nord, jusqu'au front suivant. Cette dégradation du temps dure 2 à 3
jours. Une longue traite vers l'ouest suppose donc de bien choisir le
créneau météo entre deux fronts successifs.
Au foyer du radiotélescope d'Arecibo
MATTHEW TOWN (GREAT INAGUA, BAHAMAS)Trois
jours et demi de traversée, par petit temps parfois orageux
(impressionnants, les éclairs de nuit !) nous amènent à Great Inagua.
Pas de front en cours de route, mais le prochain menace... En
approchant, nous sommes frappés par la couleur de l'eau, un
spectaculaire dégradé de turquoise, que nous retrouverons dans toutes
les Bahamas. C'est très beau, mais attention, c'est dû à la faible
profondeur de l'eau sur fond de sable clair...
Matthew Town est une
petite bourgade, pratiquement sans ressources. Le mouillage devant le
village est abrité du vent d'est, mais complètement ouvert à l'ouest.
Pas question de rester là longtemps, avec le front qui approche... Nous
descendons à terre, avec deux bidons de gasoil. Le village semble
désert, mais nous trouvons un gars qui peut nous vendre du gasoil. Il
nous y conduit en voiture, et là, surprise ! nous découvrons une
minuscule marina, mais une vraie marina avec quai en béton, 3m d'eau à
marée basse (d'après le gars), et un superbe alignement d'entrée. Elle
est vide lors de notre passage, mais on doit pouvoir y mettre 4 ou 5
bateaux. Malheureusement, elle est ouverte à l'ouest, et ne nous paraît
pas sûre pour les prochains jours avec le front qui approche, dommage...
Le
gars, très sympa, nous ramène en ville en voiture avec 35l de gasoil,
et nous dépose à notre demande devant le bureau des douanes pour la
clearance d'entrée. Formalités rapides, douanier sympa lui aussi, et
nous repartons avec un cruising permit valable pour toutes les Bahamas.
Il
n'y a vraiment pas d'abri sérieux par vent d'ouest ici, et nous
repartons immédiatement. Nous décidons d'aller nous abriter à French
Wells, sur Crooked Island. C'est à 120 milles, mais il n'y a rien de
plus proche !... Nous ne serons restés que deux heures sur Great
Inagua...
FRENCH WELLS (CROOKED ISLAND, BAHAMAS)Nous
approchons de French Wells le lendemain matin, après une nuit de mer
inconfortable. Et nous sommes très vite confrontés au principal
problème de la navigation aux Bahamas : le manque d'eau !
French
Wells est une immense lagune, très peu profonde. Pour y accéder, il
faut traverser un banc de sable de plus d'un mille, et il n'y a aucun
balisage. Nous entrons très lentement, au moteur, par mer plate
heureusement. Nous voyons avec inquiétude l'eau s'éclaircir et la
profondeur baisser au sondeur... Une légère secousse, nous avons touché
! Mais MILLIVORE continue à avancer, la quille à ras du fond... Nous
touchons à nouveau... Nous avançons toujours... Finalement, nous
arrivons enfin en eau profonde (3m...), et nous mouillons. Nous sommes
totalement seuls... Nous avons l'impression d'être mouillés en pleine
mer : au sud, à l'est, la mer à perte de vue... Mais dès que l'on
s'écarte du trou où nous sommes mouillés, il y a moins d'un mètre
d'eau, et la mer ne peut pas creuser ! L'endroit est très beau, et
complètement sauvage, aucune trace de civilisation. A marée basse, de
grands bancs de sable immaculé émergent. Superbe !
Attention pour la
baignade ! Nous voyons des requins (sand sharks) à moins de 10m du
bord, dans moins de 50cm d'eau... Très courants aux Bahamas. Or, on ne
peut pas ne pas se baigner, l'eau est trop belle ! La règle est de ne
pas se baigner après 16h, c'est l'heure de la soupe pour les requins...
Il
y a des courants de marée ici, et MILLIVORE tire sur son ancre dans un
sens puis dans l'autre, au point de la déloger... Ce qui fait que nous
chassons au moment du passage du front, et nous nous retrouvons échoués
en pleine nuit, par vent fort et sous une pluie battante !
Heureusement, deux autres bateaux nous ont rejoints, et leurs feux de
mouillage nous permettent de retrouver rapidement le trou profond pour
remouiller.
Par vent d'ouest, la mer déferle sur le banc d'entrée,
et il n'est pas question de tenter de sortir dans ces conditions. Il
faut attendre le retour du vent au secteur est. Nous repartons après 3
jours d'escale, et nous touchons à nouveau plusieurs fois sur le banc
en sortant... MILLIVORE gardera de son séjour ici une base de
quille complètement décapée, où le plomb est à nu, sans trace de
peinture, sur 10 cm de hauteur !... Décidément, French Wells est un bon
abri et un superbe mouillage, mais on y serait mieux avec un dériveur,
ou un cata...
Crooked Island
CLARENCE TOWN (LONG ISLAND, BAHAMAS)50
milles de traversée au portant nous amènent à Clarence Town, sur Long
Island. Nous sommes sur la côte au vent, mais le mouillage est protégé
par un groupe d'îlots et de bancs de corail. Avec ce vent de nord-est
assez soutenu, c'est quand même un peu clapoteux, mais on a vu pire...
Coïncidence,
sur un dizaine de bateaux mouillés à Clarence Town, nous sommes 4
français, alors que très peu de français naviguent aux Bahamas (on se
demande pourquoi, c'est si beau !...). Les américains n'en reviennent
pas !
Peu de ressources dans le village, mais une sorte de
coopérative ou l'on trouve des fruits et des légumes frais, et une
petite épicerie ou nous trouvons, entre autres, de très bons "chart
books" des Exumas et des Bahamas du nord, nos prochaines escales. Juste
ce qui nous manquait...
CAPE SANTA MARIA (LONG ISLAND, BAHAMAS)Un
merveilleux mouillage, derrière la pointe nord-ouest de Long Island.
Cette baie ne porte pas de nom sur notre documentation, mais elle se
situe entre le cap Santa Maria et Calabash Bay. La baie est vaste,
parfaitement protégée des vents de secteur est, et surtout, il y a de
l'eau ! On mouille dans 3m, confortable pour les Bahamas.
Nous
sommes totalement seuls dans cette grande baie aux eaux turquoise
parfaitement claires. A terre, plusieurs plages de sable blanc, sans
aucune empreinte de pas !... Quelques requins, mais on ne peut pas
résister, on se baigne quand même (plusieurs fois par jour, mais avant
16h...). L'endroit est trop beau pour repartir dès le lendemain et nous
nous accordons une journée supplémentaire dans cette superbe baie.
En arrivant, nous avons franchi le tropique du Cancer. Finis les tropiques ! Mais les escales paradisiaques continuent...
Au mouillage au Cap santa Maria
Notez Millivore au fond à gauche, tout seul dans cette grande baie
GEORGETOWN (GREAT EXUMA, BAHAMAS)"La"
ville du sud des Bahamas ! En fait, ce n'est qu'un gros village, mais
il y a un aéroport avec des liaisons directes vers Nassau et Miami...
Georgetown est la base avancée des plaisanciers américains et
canadiens. Très peu vont plus loin vers le sud, mais beaucoup passent
carrément l'hiver ici.
Le port, c'est Elizabeth Harbour, une très
grande rade bien abritée de tous les vents, où plusieurs mouillages
permettent d'accueillir plusieurs centaines de bateaux. Ceux qui ont
une annexe rapide peuvent choisir de mouiller à 2 ou 3 milles du
village, pour être plus tranquilles, car la mer reste toujours plate
dans la rade.
On entre dans Elizabeth Harbour par deux passes. Les
deux sont tortueuses, entre les bancs de coraux, le balisage est
bahamien (c'est à dire inexistant), et les alignements à terre pas
toujours évidents à repérer. Le plus simple est de naviguer au GPS ! On
avance de way point en way point, avec quand même un oeil sur le
sondeur, et l'autre sur la couleur de l'eau (plus c'est bleu, plus
c'est profond, et les pâtés de coraux sont plutôt marron...).
Aux
Bahamas, les îles sont nombreuses, basses, et la plupart sans aucun
amer. Les hauts fonds (très hauts, souvent moins d'un mètre d'eau !)
s'étendent à des dizaines de milles en mer, et ne sont pas balisés. Et
il y a des courants de marée... C'est vraiment ici que le GPS trouve
toute son utilité, mais avant tout, il est évidemment indispensable
d'avoir des cartes de détail. La navigation y est assez délicate,
surtout pour les quillards. MILLIVORE cale 1.80m, c'est à considérer
comme un maximum pour profiter agréablement des Bahamas. L'idéal est de
caler moins d'un mètre, c'est à dire de naviguer sur un dériveur
intégral, ou un cata.
Mais en contrepartie, quelle zone de
navigation ! Des centaines de milles de mer plate, à l'abri des îles ou
des bancs de coraux... Des eaux d'une clarté et d'une couleur
incroyables... Des îles désertes en quantité (sur 700 îles aux Bahamas,
40 sont habitées ! )... D'innombrables plages de sable blanc... Des
récifs peuplés de poissons multicolores... Un climat agréable, pas trop
chaud, pas trop humide, du moins en hiver, avec un vent maniable...
Tout ca mérite bien une navigation un peu plus délicate !
Et en
plus, à part quelques endroits stratégiques, c'est peu fréquenté. Rien
à voir avec les îles de Bretagne sud en août, ou les Grenadines !...
Pas de bateaux de location : pas fous, les loueurs ! Ils retrouveraient
un bateau sur deux planté sur les coraux...
En 1987, nous avions
navigué de Georgetown à Nassau, sur le bateau d'amis québécois, et nous
avions dit : "Il faudra qu'on revienne, mais avec notre bateau". Douze
ans après, aucun regret : c'est encore mieux que dans nos souvenirs !...
C'est
donc avec grand plaisir que nous mouillons MILLIVORE devant Georgetown,
après une entrée par la passe Est. Le village n'a pas beaucoup changé
depuis 12 ans. Un supermarché avec les ressources de base, et son
"dinghy dock" bien pratique quand on est chargé, une quincaillerie,
quelques boutiques, une station service, une petite marina et quelques
petits hôtels... Un village bien sympathique.
Il y a un robinet
d'eau gratuite au dinghy dock. Beaucoup la considèrent comme non
potable, et préfèrent acheter de l'eau en bouteilles, mais nous avons
rempli les réservoirs de MILLIVORE avec cette eau sans aucun problème.
Avec quand même quelques gouttes de produit désinfectant, comme
toujours sous les tropiques.
GAVIOTA BAY (STOCKING ISLAND, BAHAMAS)Nous
récupérons notre ami Daniel à Georgetown, nous faisons quelques
courses, et nous allons mouiller de l'autre côté de la rade sur
Stocking Island. L'endroit est un peu plus fréquenté qu'il y a 12 ans,
mais il reste de la place. Et c'est toujours aussi joli... Une petite
baie très fermée, entourée de plages de sable, donne accès à plusieurs
autres petites baies s'enfonçant dans l'île (très bons trous à
cyclones, mais très connus...). Les quelques constructions de l'île,
hôtel, maisons privées, sont très isolées et ne gâchent pas le paysage.
On traverse Stocking Island à pied, par un petit sentier, et on
débouche sur la plage au vent, immense et déserte, baignée par le
ressac. Longues promenades, seuls sur cette immense plage, avec Sweet
en liberté, quel plaisir !
Mouillage de Gaviota Bay
Sur la plage au vent de Stocking Island
GALLIOT CUT (EXUMAS, BAHAMAS)Les
Exumas sont un chapelet d'îles, d'îlots et de récifs, s'étendant sur
plus de 150 milles vers le nord-ouest en partant de Great Exuma où se
trouve Georgetown. On peut naviguer au vent des îles, en eau profonde,
mais ce n'est pas encore l'océan, car Long Island et Cat Island, à
trente milles au vent bloquent la houle de l'Atlantique, et la mer
reste toujours maniable. Mais si on supporte le "rase récif", on
navigue sous le vent des îles, sur une mer totalement plate, avec ses
superbes dégradés de turquoise... et avec un oeil sur le sondeur
(jamais plus de 4m d'eau, et souvent bien moins !). Les "cuts" sont les
passages permettant de passer d'un côté à l'autre.
Au départ de
Great Exuma, il n'y a vraiment pas assez d'eau pour nous sous le vent
des îles, et nous naviguons au vent, par petit temps, jusqu'à Galliot
Cut. Nous mouillons devant la petite plage de Big Galliot Cay. Bon
abri, mais il y a un peu de courant, comme toujours près des cuts. Le
site est totalement sauvage, aucune construction à terre. Nous sommes
rejoints peu après par CHRYSALIDE, un voilier belge qui termine un tour
du monde de 6 ans, et avec qui nous sympathisons rapidement. Plage,
baignades, punch, longues discussions, on ne voit pas le temps passer !
L'eau est d'une clarté incroyable : le soir, le vent tombe, et à la
seule clarté de la lune, nous voyons parfaitement le fond, par 3.5m
d'eau, et même toute la ligne de mouillage, avec ses 30m de chaîne et
l'ancre !
Millivore et Chrysalide, à Big galiot Cay
STANIEL CAY (EXUMAS, BAHAMAS)Le
lendemain, en route pour Staniel Cay, sous le vent, suivis prudemment
par CHRYSALIDE (qui cale bien plus que nous...). Staniel Cay est un
groupe d'une demi-douzaine d'îles et d'îlots, avec un village, et même
une petite marina. Pas beaucoup d'eau (comme d'habitude) dans le
coin, et nous mouillons dans le chenal profond, bientôt rejoints par
CHRYSALIDE. Ressources limitées dans le village, mais quand même une
épicerie, qui doit bien faire 10m², et un supermarché, qui en fait au
moins 20 ! Attention, tout est très cher ici. On y trouve aussi un
restaurant, Happy People, rustique mais très bon !
Staniel Cay est
célèbre pour "Thunderball Grotto". Un des îlots est creux, et forme une
grotte à demi submergée. On y entre normalement à la nage, à marée
basse, mais nous choisissons d'y aller avec l'annexe, pour pouvoir
amener l'appareil photo. L'entrée est basse, nous sommes aplatis dans
l'annexe, mais ça passe. A l'intérieur, magnifique ! Une voûte de
corail, percée de quelques trous qui laissent entrer la lumière, une
eau parfaitement claire, des poissons innombrables, des coraux
superbes... L'endroit est connu, et nous sommes une bonne quinzaine à
nager dans la grotte, mais pas de bousculade. On a tourné un "James
Bond" dans cette grotte, qui lui a donné son nom.
A l'intérieur de Thunderball Grotto
BIG MAJORS SPOT (EXUMAS, BAHAMAS)Changement
de mouillage le lendemain, toujours dans le groupe de Staniel Cay, vers
Big Majors Spot, à moins de 2 milles. Une vaste baie, bordée par une
belle plage de sable blanc. C'est assez fréquenté, mais il y a de la
place pour tous. Curiosité, il y a des cochons sauvages sur la plage !
Ces braves bêtes sont habituées aux plaisanciers, et dès qu'une annexe
s'approche de la plage, elles se précipitent dessus pour quémander de
la nourriture. Probablement inoffensifs, mais impressionnants, car ce
sont de très gros cochons ! Mais c'est une bonne façon de se
débarrasser des déchets organiques (comme sur toutes les îles désertes,
il est évidemment hors de question de déposer ses ordures à terre).
HAWKSBILL CAY (EXUMAS, BAHAMAS)Nous
continuons notre remontée vers le nord-ouest, et 30 milles plus loin,
nous mouillons à Hawksbill Cay. Nous nous approchons de la plage, en
évitant plusieurs pâtés de coraux (soleil dans le dos, et lunettes
polarisantes de rigueur). Un seul voilier est déjà mouillé là. Surprise
! Il s'agit de GRATITUDE PLUS, le voilier de notre ami Germain le
Québécois, le Germain qui nous a fait découvrir les Bahamas il y a 12
ans, et que nous avons retrouvé par hasard à Marigot Bay il y a deux
mois... Nous allons arroser ça !
Hawksbill Cay est un
merveilleux mouillage. A terre, une grande lagune avec de grands bancs
découvrants de sable blanc, des plages superbes, des petites collines
d'où on a une vue magnifique... Et c'est très peu fréquenté... Sur la
colline, on trouve une boîte aux lettres dans laquelle se trouve un
cahier où tous les équipages laissent un message. A la lecture, c'est
clair, tout le monde apprécie ce mouillage ! Nous resterons deux jours
ici, en compagnie des sympathiques Québécois.
Hawksbill Cay
Hawksbill Cay
ALLENS CAY (EXUMAS, BAHAMAS)20
milles plus loin, effectués par vent frais mais mer plate (nous sommes
toujours sous le vent des îles), nous arrivons à Allens Cay (ou Allans
Cay), un groupe de trois îlots. On peut mouiller sous le vent du
groupe, les petits tirants d'eau ont un très joli mouillage dans une
baie de l'île sud. Nous mouillons entre les 3 îles, devant Leaf Cay.
C'est très profond, 4 à 5m d'eau, le grand luxe pour les Bahamas !
Les
trois îles sont peuplées d'iguanes. Il y a 12 ans ils étaient assez
farouches, et nous avions dû chercher pour en voir, mais maintenant,
ils se précipitent dès qu'une annexe s'approche pour quémander de la
nourriture. C'est assez impressionnant, car ils sont très nombreux, et
n'ont pas l'air très sympathique...
Nous
sommes à 35 milles de Nassau, la capitale des Bahamas, et c'est un peu
trop près : de grands bateaux, genre cigarette, très rapides, amènent
des touristes pour photographier les iguanes, et font l'aller-retour en
quelques heures. Ils sont propulsés par 4 gros hors-bords, et l'un
d'eux en a 4 de 250 CV chacun ! Comme par hasard, il est sponsorisé par
TEXACO, la compagnie pétrolière...
Iguanes à Allens Cay
NASSAU (NEW PROVIDENCE, BAHAMAS)
Pour
rejoindre Nassau depuis Allens Cay, il faut traverser le Yellow Bank
sur quelques milles, une zone de hauts fonds parsemée de pâtés de
coraux. Il vaut mieux le faire par vent faible, pour avoir une mer
plate. On zigzague entre les coraux, avec le soleil dans le dos, et un
équipier à l'avant avec lunettes polarisantes pour indiquer la route.
Dans ces conditions ça ne présente aucune difficulté.
La ville
de Nassau est située sur la côte nord de l'île de New Providence, Le
port est en fait le chenal séparant New Providence de Paradise Island,
l'île des milliardaires. Deux ponts parallèles relient les deux îles,
avec bien assez de hauteur pour nous. Nous entrons par la passe Est. Il
est conseillé de signaler son arrivée par VHF à Nassau Harbour Control,
ce que nous faisons, mais beaucoup de bateaux s'en dispensent.
Les
marinas sont regroupées à l'est des ponts, sur New Providence, assez
loin du centre ville, et nous prenons un ponton à Yacht Haven Marina.
On peut aussi mouiller à l'ouest des ponts, sur la côte sud de Paradise
Island, mais les fonds sont paraît-il de mauvaise tenue et encombrés de
débris. Il faut aussi avoir une annexe rapide car le courant peut être
très fort.
Il y a un supermarché à proximité des marinas, et
plusieurs shipchandlers. Mais impossible de trouver des documents
nautiques sur la Floride : seuls les bateaux américains ou canadiens
viennent normalement ici, et ils sont déjà équipés en documents sur les
USA...
Le centre ville est assez loin, surtout à pied, et on y
trouve principalement des magasins pour les touristes que les grands
paquebots déversent quotidiennement sur la ville. Une balade vers la
citadelle qui domine la ville s'impose, car la vue y est très jolie.
Nous
restons plus longtemps que prévu à Nassau, car notre PC tombe en panne.
Ici, le vendredi saint est férié, ainsi que le lundi de Pâques. La
plupart des gens font le viaduc du jeudi soir au mardi matin, et il
nous faudra donc attendre le mardi 6 avril pour refaire marchoter le
PC. Mais cette escale forcée se passe agréablement, avec nos amis
québécois, qui nous on rejoint ici. Germain nous amène avec son annexe
rapide, plonger sur les coraux près de Rose Island, à 3 milles de
Nassau : superbes !
Nous en profitons également pour décalquer les
cartes des ports de Fort Pierce, et Port Canaveral, en Floride. Ce
seront nos seuls documents nautiques pour entrer aux USA...
L'ami
Daniel nous laisse à Nassau, enchanté de son séjour, et nous partons
vers les Berrys à deux, plus évidemment Sweet, notre "quatre pattes"
comme disent les radioamateurs.
Millivore à Nassau
LITTLE HARBOUR CAY (BERRYS ISLANDS, BAHAMAS)Les
Berrys Islands sont un archipel au nord de New Providence. Après une
traversée ventée, à 7,3 noeuds de moyenne, nous mouillons entre Little
Harbour Cay et Cabbage Cay. L'abri est bon, mais la zone assez profonde
pour nous est étroite. Heureusement, nous sommes seuls en arrivant, un
bateau anglais viendra nous rejoindre un peu plus tard. Nous descendons
Sweet sur la petite île de Guano Cay, à quelques centaines de mètres,
où nous avons une belle plage de sable pour nous tous seuls.
A Little harbour cay
GREAT STIRRUP CAY (BERRYS ISLANDS, BAHAMAS)Le
lendemain, 20 milles plus au nord, nous mouillons dans la rade entre
Great Stirrup cay, Great Harbour Cay et Goat cay. L'abri est bon, mais
les îles sont rocheuses, pas de plage à proximité. Il faudra faire un
bon mille en annexe pour descendre Sweet sur une petite plage un peu
vaseuse devant une mangrove.
LUCAYAN MARINA VILLAGE (GRAND BAHAMA, BAHAMAS)Le
lendemain, après une traversée de 61 milles par beau temps très chaud,
nous prenons un ponton à Lucayan Marina Village, une des marinas de
Grand Bahama. C'est le grand luxe : pontons tout neufs, en béton, fixes
(ici le marnage est négligeable), avec grands catways, sanitaires
somptueux, pelouses dignes de Wimbledon, piscine chauffée (si, si !),
avec bar en plein air... Un environnement très agréable et un abri
parfait, même je pense en cas de cyclone.
Pas de commerces à
proximité, un bateau-navette gratuit nous conduit à Port Lucaya, où se
trouvent quelques boutiques, mais le supermarché est à environ 3 km :
on y va à pied et on en revient en taxi.
Nous sympathisons
rapidement avec nos voisins-bateau américains, John et Sandra de
PASSPORT, malgré l'obstacle de la langue, et nous retrouvons ici
AERANDIR, qui était notre voisin à Nassau. Nous avons tous trois la
même destination : Port Canaveral en Floride, ce qui suppose de
traverser le Gulf Stream. Cette traversée est la hantise des
plaisanciers américains. Le courant est très fort, 3 à 4 noeuds, et la
mer devient paraît-il très vite grosse par vent contre courant. On nous
a dit qu'un vent de nord de 12 noeuds suffisait à lever une mer
monstrueuse... Nous attendrons plusieurs jours ensemble un
créneau météo favorable : 24 heures de vent faible à modéré de sud,
juste avant le passage d'un front froid. Et le 14 avril 99, nous
quittons les Bahamas, archipel de rêve, pour la Floride.
Millivore à Lucayan Marina - Grand bahama
Retour page MillivoreEn
croisière dans les îles, on passe beaucoup plus de temps en mouillage
forain que dans les marinas (c'est bien pour ça qu'on est venus !...).
Le matériel de mouillage est donc d'une importance primordiale.
La ligne de mouillageLa
ligne principale de MILLIVORE se compose d'une ancre soc de charrue de
17kg, de 35m de chaîne de 10mm, et de 50m de câblot de 18mm. Le tout
dans la baille à mouillage, à l'avant. Poids important et mal placé,
mais la ligne est disponible à tout moment.
Une seconde ligne,
composée d'une ancre plate de 17kg, de 25m de chaîne de 10mm, et de 50m
de câblot de 18mm, se trouve dans un coffre arrière. Il est à noter que
cette seconde ligne n'a jamais été utilisée en 8 ans et plusieurs
centaines de mouillages forains.
Nous mouillons donc sur une
seule ancre. J'applique la règle "3 fois la hauteur d'eau, mais jamais
moins de 25 mètres", et même souvent 30m s'il y a de la place. Quand le
bateau est stabilisé, je ne laisse pas la chaîne tirer sur le guindeau
: un cordage en nylon reprend les efforts sur les taquets
d'amarrage (un oeil épissé à chaque extrémité, autour des taquets, et
une manille au milieu, maillée sur la chaîne).
Ce mouillage tient
bien sur tous les fonds, même dans les mouillages ventés, comme en
Galice ou aux Antilles. Nous n'avons chassé qu'une fois, à French Wells
aux Bahamas, malgré un fond de sable à priori très bon. C'était dû je
pense à des tractions alternées dues aux courants de marée, qui ont
réussi à déloger l'ancre. Une fois remouillés, nous n'avons plus bougé.
Je
ne mets jamais d'orin. Je crains toujours qu'un autre bateau me le
sectionne, ou pire, qu'il tire dessus et décroche mon ancre... Et puis,
ça complique fortement la manoeuvre... Nous avons eu plusieurs fois des
difficultés à remonter le mouillage (ah, les ports de Galice !...),
mais curieusement, ce n'est jamais l'ancre qui avait croché un objet,
mais toujours la chaîne qui s'était emmêlée autour, bizarre, bizarre...
Nous n'avons jamais dû abandonner le mouillage, ni avoir recours à un
plongeur.
MILLIVORE est équipé d'un guindeau manuel Goïot, qui
fonctionne fort bien, mais qui nécessite, un petit entretien régulier,
sous peine de le voir se bloquer sans prévenir. Quand on mouille en eau
profonde, 12m et plus, la remontée du mouillage est épuisante : sur
notre prochain bateau, le guindeau sera électrique !
Nous
n'avons pas d'ancre légère en alu à bord. Elles paraissent pourtant
séduisantes, mais j'attends que les fabricants nous fournissent la
chaîne en alu qui va avec. Il me paraît en effet impensable de mouiller
sur du câblot plombé, si on n'est pas sûr à 100% de mouiller sur du
sable ou de la vase (et je ne dépasse jamais 95% !). Le câblot plombé
sera sectionné en quelques heures sur fond rocheux, et en quelques
minutes sur fond corallien... et je ne parle pas des débris métalliques
divers des ports espagnols ! Ca limite pour moi l'utilisation de ces
lignes légères à la grande plage d'Houat, et encore... je crois que
j'hésiterais à laisser MILLIVORE seul...
L'annexeElément
indispensable de la vie au mouillage. Notre annexe est une "made in
Taïwan" distribuée par Plastimo et Big Ship, de 2.6m de long. Spacieuse
et confortable, avec ses gros boudins, son inconvénient est d'être très
lourde (35kg). Nous la propulsons par un hors-bord Yamaha de 2CV, qui
tourne toujours comme une horloge après 9 ans de service. La vitesse
reste faible et on ne peut pas envisager de longs trajets avec vent ou
courant dans le nez. Elle est parfaite pour la Bretagne ou l'Espagne.
Pour
les Antilles ou les Bahamas, on peut envisager un modèle plus
performant : beaucoup utilisent des annexes semi rigides Caribe, qu'on
trouve au Venezuela pour un prix modique, avec un moteur de 5CV ou
plus. Elles sont beaucoup plus rapides, et passent bien mieux dans le
clapot. Le problème est que le moteur commence à devenir lourd et
encombrant, ainsi que sa nourrice. Et surtout, que faire de l'annexe en
navigation ? Pas question de la traîner derrière, laissons ça aux
locataires... Sur le pont, elle gêne les manoeuvres et la vue sur
l'avant... Suspendue aux bossoirs à l'arrière, elle a un fardage
important et bloque l'accès à la jupe...
Sur MILLIVORE, je la monte
sur le pont, je la dégonfle, je la plie, je la mets dans son sac, et je
la range dans le coffre arrière. Et ce, même si je dois faire la
manoeuvre inverse quelques heures après, au mouillage suivant. Mais
j'avoue qu'on s'en lasse vite, et que je préférerais une solution plus
simple.
J'espère que les architectes navals se pencheront sur le
problème... Sur des bateaux de 12m et plus, on peut je pense envisager
un compartiment sous le cockpit et le grand coffre arrière, qui
permettrait de stocker une annexe gonflée, et de la rentrer et de la
sortir rapidement par la jupe.
Le taudIndispensable
dans les pays fortement ensoleillés (mais aux Antilles, le temps est
souvent nuageux...). Nous avons un taud de cockpit placé sur la bôme,
et amarré de chaque côté sur les filières. Il est parfaitement
efficace, pour le soleil et la pluie, mais oblige à des contorsions
pour gagner l'avant. Un bimini sur arceaux métalliques serait plus
pratique, mais coûte monstrueusement cher en France. Notez qu'aux USA,
on trouve chez les shipchandlers des biminis en kit, en plusieurs
largeurs, pour environ 1500F...
La sulfateuseNon,
non, ce n'est pas une blague ! Nous utilisons un petit pulvérisateur de
jardin de 5 litres pour nous rincer à l'eau douce après les bains de
mer. Simple et efficace, et peu encombrant. On se rince complètement, y
compris les cheveux, avec moins d'un litre d'eau. Et comme il faut le
remplir quand il est vide, on contrôle parfaitement la consommation
d'eau.
Retour page Millivore
ESCALES SUR LA COTE EST DES ETATS-UNIS
DE CAP CANAVERAL (FLORIDE)
A ANNAPOLIS (MARYLAND)
L'Intracoastal Waterway et la Chesapeake Bay
Juillet 99
Nous
sommes déjà sortis des entiers battus en emmenant MILLIVORE aux
Bahamas, mais là, notre croisière devient franchement exotique : durant
tout notre séjour aux USA, nous ne verrons aucun autre bateau français
et les bateaux européens se compteront sur les doigts d'une main...
Le
14 avril, nous partons de Grand Bahama pour la traversée de 150 milles
vers la Floride. Nous ne sommes pas seuls à profiter du créneau météo :
AERANDIR est parti dès l'aube, et PASSPORT une heure avant nous.
Nous
longeons d'abord la cote de Grand Bahama sur plusieurs dizaines de
milles, et là, en fait de Gulf Stream, nous avons un courant portant au
sud-est (en plein dans le nez), de presque 2 noeuds. Nous atteindrons
le vrai Gulf Stream dans la soirée. Contrairement à ce qu'on peut
croire à la lecture des atlas ou des pilot charts, il ne s'agit pas
d'une dérive globale de la mer vers le nord puis le nord-est, le long
de la cote Est des USA. En fait, il s'agit d'une sorte de rivière
étroite, pas plus de quelques milles de large, et rapide, 3 à 4 noeuds.
En dehors de cette veine principale, le courant est plus faible, mais
imprévisible et même souvent contraire.
Nous restons quelques
heures durant la nuit dans le Gulf Stream, avec des vitesses fond
(données par le GPS) impressionnantes : plus de 10 noeuds, pour 6
noeuds au speedomètre ! Le vent est portant et la mer reste maniable.
Le vent fraîchit vers minuit, 20 à 25 noeuds, et ça devient moins
confortable. Les fonds sont faibles le long des cotes de Floride, à
plusieurs milles au large il y a moins de 15 m d'eau, ce qui donne une
mer courte très désagréable.
PORT CANAVERAL (FLORIDE, USA)Pas
de problème pour entrer à Port Canaveral, malgré notre documentation
sommaire (carte décalquée a la main !), le chenal est balisé sur
plusieurs milles au large. Nous prenons un ponton à Cape Marina. Ponton
en bois, fixe (mais ici il y a du marnage...), embryons de catways et
pieux inaccessibles sur l'arrière : une vraie marina américaine !
L'environnement
n'est pas folichon, un chantier naval en bordure d'un port de commerce,
mais les sanitaires sont somptueux. Les commerces se limitent à la
boutique de la marina, où l'on trouve un peu d'accastillage, des
boissons fraîches, et les documents nautiques que nous cherchons depuis
longtemps (Ne négligez pas le budget documents nautiques : il en faut
beaucoup, et c'est partout très cher...). Pour le reste, il faut louer
une voiture.
AERANDIR est arrivé avant nous, et PASSPORT nous suivra
de peu. Nous allons faire les formalités d'entrée au bureau des
douanes, situé au port de commerce. L'officier d'immigration, appelé
par le douanier, vient nous retrouver à la douane, et tout est réglé en
quelques minutes, avec le sourire. On nous délivre un cruising permit
valable jusqu'à expiration de nos visas, en août.
Nous restons 3
jours à Port Canaveral. Nous espérions que la NASA, dont les
installations sont toutes proches allait effectuer un lancement,
pour célébrer notre entrée aux USA, mais non... Ils ne savent pas
accueillir les touristes !
Nous louons une voiture une journée, pour
visiter Universal Studios à Orlando, et faire quelques courses. Nous
achetons aussi un petit chargeur de batteries, qui nous permettra de
charger les batteries de MILLIVORE sur le 110 V des prises de quai (On
peut avoir du 220 V dans certaines marinas, mais c'est toujours
compliqué et cher).
Le troisième jour de notre séjour, un front
froid passe. Il mérite bien son nom : la température chute de 15
degrés, temps couvert, pluie et vent du nord soutenu, on se croirait en
Bretagne. Cette fois, c'est fini, les tropiques !
Dans l'écluse de Port Canaveral
L'INTRACOASTAL WATERWAYLa
côte Est des USA est assez inhospitalière pour la navigation : cote
basse et sablonneuse, peu d'abris, hauts fond s'étendant loin au large
sur lesquels la mer déferle vite quand le vent monte...
Heureusement, il y a l'Intracoastal Waterway (ICW) : tirant profit des
nombreuses lagunes existantes et de cours de rivières tortueuses,
complétés par des canaux artificiels, les Américains ont créé une voie
navigable intérieure, qui longe la côte sur plus de 1200 milles. On
peut ainsi aller de Norfolk, en Virginie, jusqu'à Key West, en Floride,
en restant toujours en eau abritée. Il n'y a qu'une seule écluse, au
sud de Norfolk, mais les ponts sont nombreux. Beaucoup sont ouvrants
(levants, tournants ou basculants), et les fixes ont une clearance
verticale de 19.8 m (65 pieds), ce qui suffit à MILLIVORE. La
profondeur est théoriquement supérieure a 3.6 m (12 pieds), mais en
pratique, ce n'est pas toujours vrai...
Le chenal est souvent
étroit, et en règle générale, on ne peut naviguer à la voile que par
vent portant. En pratique, on avance au moteur, et on s'aide en
déroulant le génois chaque fois que c'est possible. Heureusement, le
gasoil est au prix américain, moins de 1.50 F le litre.
Les inlets
sont les passages permettant de passer de l'ICW à la mer ou vice-versa.
On peut ainsi longer la côte par une alternance de traites en mer, et
de routes sur l'ICW. Attention, beaucoup d'inlets sont dangereux par
gros temps d'est, avec une barre déferlant dans l'entrée : les sorties
en mer doivent se faire avec une bonne situation météo.
Les marinas
sont nombreuses sur l'ICW, mais les prix sont exorbitants : de 0.8 a
1.5 dollars par pied par jour. Heureusement, on peut assez souvent
mouiller sur ancre, généralement sur fond de vase gluante de bonne
tenue. Par contre, dans ce cas, l'accès à terre n'est pas souvent
facile, terrain marécageux en friche, ou au contraire propriétés
privées somptueuses...
TITUSVILLE (FLORIDE)A
partir de Port Canaveral, une écluse et quelques milles de canal
permettent d'accéder à l'ICW. Déjà 2 ponts à passer, mais ils ouvrent
sans difficulté sur simple appel à la VHF. Le mieux est d'avoir une VHF
portable dans le cockpit, et bien sûr quelques connaissances en
anglais...
Nous empruntons l'ICW vers le nord, avec le vent en plein
dans le nez : moteur de rigueur... Les lagunes de Floride sont le
domaine des lamantins, de gros mammifères marins nonchalants, qui
passent leurs journées à brouter la végétation. De grosses vaches de
mer bien sympathiques, mais malheureusement en voie de disparition.
Mais pour l'instant, on en voit encore beaucoup nager autour du bateau.
Nous voyons aussi beaucoup de grands dauphins, même souvent à plusieurs
dizaines de milles de la mer par l'inlet le plus proche. Du côté
aérien, on voit de nombreux pélicans, très gros oiseaux aux plongeons
spectaculaires. On voit également beaucoup d'orfraies, aigles à queues
blanches, nichant un peu partout, et notamment sur les balises de l'ICW.
Apres
une vingtaine de milles de route, nous mouillons devant Titusville,
parmi de nombreux autres bateaux. Pour descendre Sweet à terre, plutôt
que d'aller en ville, nous choisissons une petite île déserte, où nous
avons la surprise de voir des ibis sauvages.
Pont basculant sur l'ICW en Floride
DAYTONA BEACH (FLORIDE)Le
lendemain, un peu au nord de Ponce de Leon Inlet, nous touchons dans le
chenal : les 3.6 m de fond ne sont vraiment pas garantis...
Heureusement, c'est de la vase molle, et nous repartons très vite.
Malgré
le passage de quelques barges, l'ICW est le domaine des plaisanciers,
les "snow birds", ou oiseaux migrateurs, qui descendent leurs bateaux
en Floride pour l'hiver, et le remontent au nord pour l'été. Certains
font ça tous les ans. Peu de voiliers, beaucoup de gros bateaux à
moteur, genre trawlers. Quelques-uns "oublient" de retirer le pavillon
de courtoisie des Bahamas, afin que l'on distingue bien les marins
d'eau douce qui ne sortent jamais de l'ICW, de ces héros qui ont osé
affronter le Gulf Stream...
Nous mouillons le soir à Daytona
Beach, station balnéaire célèbre pour son immense plage de sable dur,
où l'on roule en voiture, domaine de la "frime".
SAINT AUGUSTINE (FLORIDE)Changement
de décors le lendemain, en arrivant à Saint Augustine, où nous prenons
un ponton pour 3 jours à la marina municipale. Saint Augustine est une
des plus vieilles villes de Floride, fondée par les Espagnols, et a
gardé une architecture bien typique. Rien à voir avec les cubes en
béton de Daytona. Une jolie ville, avec ses vieux quartiers, escale
bien agréable. Nous retrouvons ici nos amis Claude et Yvonne, qui
viennent nous rendre visite pour quelques jours. Ca fait du bien de
revoir les amis, d'avoir des nouvelles fraîches de France, et de lire
notre courrier.
Nous profitons de leur voiture pour faire quelques
courses, et écumer les shipchandlers de la région. Nous achèterons
entre autres deux avirons pour remplacer ceux qui nous ont été volés à
Saint Martin.
Nous essayons en vain de faire remplir nos bouteilles
Camping Gaz, et nous finissons par adopter une solution radicale : nous
achetons dans une grande surface un petit réchaud de camping,
fonctionnant avec des cartouches jetables de propane. Posé sur la
gazinière de MILLIVORE, il nous permettra d'économiser nos précieuses
bouteilles de butane dont nous aurons besoin pour la traversée retour
de l'Atlantique. Attention, l'engin est dangereux, pas de sécurité en
cas d'extinction de la flamme... Les cartouches de propane se trouvent
partout, mais il faut faire attention au prix : 5$ dans la boutique de
la marina, 3$ chez les ships, et 3.5$ les deux dans les grandes
surfaces...
A la marina de Saint Augustine
FERNANDINA BEACH (FLORIDE)53
milles plus au nord, toujours sur l'ICW, nous arrivons à Fernandina.
Grosse usine de produits chimiques, odeurs nauséabondes, ce n'est pas
très accueillant... En plus, il n'y a pas assez d'eau pour nous dans la
marina et nous nous retrouvons pour la nuit au ponton carburant. Nous
pensions rester un jour, mais vu l'environnement, nous nous enfuirons
dès le lendemain matin.
BRUNSWICK (GEORGIE)Pour
rejoindre Brunswick, nous devons quitter l'ICW, et remonter sur
quelques milles la rivière qui arrose la ville, ce qui nous vaut de
franchir un spectaculaire pont levant. Arrivant sous un gros grain
orageux, nous prenons un ponton à Brunswick Landing Marina, une
sympathique marina dans un joli environnement. C'est calme, car comme
nous ne sommes plus sur l'ICW, il y a peu de passage, mais nous y
admirons une réplique du célèbre BOUNTY. Nous resterons 3 jours dans
cette agréable escale, d'où nos amis repartirons vers la France.
Nous
cherchons depuis plusieurs jours un accès à Internet, pour pouvoir lire
nos messages E-mail, et nous le trouvons à la bibliothèque de
Brunswick. Ca deviendra vite une habitude : durant tout notre séjour
aux USA, nous trouverons un accès Internet dans les bibliothèques, et
ce sera toujours gratuit !
Par 31̊ 9' nord et 81̊ 30' ouest, Brunswick est le point le plus à l'ouest de notre voyage.
Réplique de Bounty à Brunswick
SAINT CATHERINE SOUND (GEORGIE)Au
nord de Brunswick, l'ICW traverse une région très sauvage. Sur des
dizaines de milles le chenal est très tortueux, et traverse d'immenses
zones marécageuses : ni ponts, ni routes, ni constructions, la nature à
l'état sauvage.
Dans Sapelo River, nous sauvons un naufragé :
bricolant sur son moteur en panne, il s'est sérieusement brûlé, et a
résolu le problème en sautant à l'eau. Mais emporté par le courant, et
handicapé par sa brûlure, il ne peut rejoindre son bateau. Son équipier
ne peut rien faire, car le bateau est mouillé (et le moteur en
panne...). Nous le récupérons sur MILLIVORE et le ramenons à son bord.
Nous
mouillons le soir dans Walburg Creek, près de St Catherine Sound.
Impossible de descendre Sweet, nous sommes en plein marécage...
Naviguer
sur l'ICW n'est pas difficile mais il est nécessaire d'avoir les cartes
détaillées de tout le parcours. En effet, le balisage, c'est "rouge à
gauche et vert à droite" quand on va vers le nord, sauf à certains
endroits où c'est le contraire ! Et il y a de nombreuses bifurcations
avec d'autres chenaux, et des changements de directions spectaculaires.
Sans carte, on est sûr de s'échouer, et/ou de se perdre !...
SAVANNAH (GEORGIE)Le
lendemain, nous arrivons à Savannah, célèbre ville de Georgie. Nous
prenons un ponton à Palmer Johnson Marina, où nous resterons deux nuits
car nous voulons visiter la ville. Savannah est une très jolie ville
chargée d'histoire, notamment de la guerre de sécession, avec de
nombreux squares pleins de verdure. Malheureusement, nous la visitons
par temps froid, gris et pluvieux. Nous y retrouvons BOUNTY, mouillé
dans la rivière.
A Palmer Johnson Marina, la coutume est de livrer
chaque matin aux bateaux de passage le journal du jour et un sachet de
donnuts. Ce sont des pâtisseries hyper sucrées, à la mode américaine,
mais c'est bien agréable.
BEAUFORT (CAROLINE DU SUD)Temps
couvert, pluie battante l'après-midi, vent de nord 4 à 5 plein debout,
une heure d'attente devant un pont : une journée à oublier !
Mais
nous arrivons le soir à Beaufort, trempés, et nous prenons un ponton à
Downtown Marina. La ville est jolie, mais nous ne l'apprécions pas à
toute sa valeur car nous la visitons le lendemain par temps froid et
pluvieux.
CHARLESTON (CAROLINE DU SUD)Une
longue traite au moteur par vent et courant dans le nez. 78 milles au
loch et nous arrivons à la tombée de la nuit à Charleston. Ashley
Marina est inaccessible pour nous, car au-delà d'un pont fixe trop bas.
Nous essayons Charleston Maritime Center, mais c'est complet, et
finalement nous traversons Cooper River et prenons un ponton à
Charleston Harbour Marina. Pas de regret, car c'est une marina grand
luxe, et pas plus chère que les autres.
Le lendemain, journée
marathon. Douches le matin, mais comme il n'y a pas de douches à la
marina, ça se fait au Hilton voisin, dont deux chambres sont réservées
à temps plein à cet effet.
Ensuite, visite du musée naval de
Patriot Point, où l'on peut visiter en détail le porte-avions Yorktown,
un destroyer ayant participé au débarquement en Normandie, un navire
des Coast-Guards et un sous-marin.
Ensuite, visite de la vieille ville en voiture à cheval. Agréable, mais nous avons trouvé Charleston moins jolie que Savannah.
Ensuite, courses au supermarché du coin.
Et
le lendemain, réveil à l'aube, car nous partons pour Beaufort, en
Caroline du Nord, à 210 milles par la mer (ça nous changera un peu de
l'ICW), et nous voulons profiter d'un créneau météo favorable...
A bord du porte-avion Yorktown
BEAUFORT (CAROLINE DU NORD)Point
d'entrée de tous les bateaux qui remontent au nord, car tous les
plaisanciers américains sont unanimes : il faut éviter de passer le cap
Hatteras par la mer, et donc entrer à Beaufort et rejoindre Norfolk par
l'ICW.
Apres 210 milles de traversée depuis Charleston, par petit
temps (dont seulement 70 milles à la voile !), nous nous présentons
devant Beaufort, à 11h du soir. Nous avons la carte, mais pas le livre
des feux. Nous essayons d'entrer quand même, mais nous nous perdons
très vite dans la multitude de bouées balisant les divers chenaux... Et
il y a des hauts fonds partout... et du courant... Non, rien à faire,
il faut attendre le jour ! Nous ressortons pour prendre la cape à
l'extérieur, mais comme il n'y a pas de vent et du courant, finalement
nous mouillons en pleine mer, à l'écart du chenal d'entrée, par 6m
d'eau ! La nuit est agitée car il y a de la houle, et nous maintenons
les quarts. Et au petit jour, nous entrons sans difficulté, et nous
prenons un ponton à Town Creek Marina.
Nous sommes un peu à l'écart
du centre, ce qui nous oblige à marcher pour aller visiter la ville. Ne
ratez pas le musée maritime, intéressant et très didactique. Nous
n'avons pas essayé, mais il paraît qu'on peut y obtenir le prêt d'une
voiture, le temps d'aller faire les courses. Le centre ville est
agréable, avec ses boutiques et ses restaurants en bordure du port.
Nous achetons un guide de la Chesapeake Bay, qui nous sera bientôt
utile (toujours cher, mais on ne peut pas se passer de ces documents
nautiques...).
Courses au supermarché, et nous rentrons au bateau crevés (les deux nuits précédentes ont été courtes...).
PUNGO CREEK (CAROLINE DU NORD)Le
lendemain, 63 milles de route, voile et moteur. Le temps très chaud
devient orageux dans l’après-midi, et un gros orage nous tombe dessus,
toujours inquiétant sous un gréement métallique. La foudre la plus
proche tombe à 200m de MILLIVORE...
Le soir, nous arrivons devant
Belhaven, mais plutôt que d’entrer dans le port (où l’on peut mouiller
sur ancre), nous trouvons un joli mouillage parfaitement calme dans
l’entrée de Pungo Creek, et nous y passons la nuit.
"Swing bridge" sur l'ICW en Caroline du Nord
BROAD CREEK (CAROLINE DU NORD)Encore
une longue journée, mais par beau temps et vent portant, une fois n’est
pas coutume. Nous nous arrêtons le soir dans Broad Creek, près de
l’embouchure de North River (les géographes américains manquaient un
peu d’imagination quand ils nommaient les cours d’eau du coin...). Le
mouillage est joli, bien abrité, mais comme souvent nous ne pouvons pas
descendre à terre. Et il y a des moustiques...
GREAT BRIDGE (VIRGINIE)Beau
temps et vent faible le lendemain. Nous plantons MILLIVORE en entrant
dans Coinjock Bay, mais nous repartons sans problème (C’est parfois
bien pratique, la vase molle !). Nous arrivons le soir à Great Bridge,
notre première escale en Virginie. Nous prenons le dernier emplacement
libre à Atlantic Yacht Basin. Il est à noter que de l’autre coté de la
rivière, les pontons municipaux sont gratuits, mais par contre il n’y a
aucune ressource à terre. Great Bridge est réputé parmi les
plaisanciers américains, car il y a un supermarché à proximité, bien
pratique pour ravitailler. Nous n’y sommes pas allés, ayant encore de
quoi subsister.
NORFOLK (VIRGINIE)Le
lendemain, nous passons l’unique écluse du Waterway. Etait-elle bien
nécessaire ? Il n’y a que 30 cm de dénivelé... Et puis, fini les
paysage champêtres, nous approchons de Norfolk. La rade de Norfolk est
immense, formée par l’estuaire de la James River, bien plus grande que
celle de Brest. Nous arrivons par le sud, partie occupée principalement
par le port militaire. Quatre porte-avions, une bonne demi-douzaine de
sous-marins nucléaires, des dizaines de destroyers et autres navires de
guerre... Impressionnant !
Et quand on pense qu’il y en a d’autres un peu partout en mer... Et probablement autant, sinon plus dans le Pacifique... Mais
tout ça n’est pas très accueillant pour nos petits bateaux, d’autant
plus que pour y arriver, on traverse une zone industrielle assez
sinistre.
Nous sortons du port, qui ne donne pas directement dans
l’océan, mais dans la Chesapeake Bay, et nous allons dans Little Creek,
quelques milles plus loin, vers la sortie de la Baie. Plusieurs marinas
occupent le site. La première, Bay Point marina, n’a pas de place pour
nous car un petit Boat Show y aura lieu dans quelques jours. Mais nous
trouvons de la place sans problème dans la suivante, Little Creek
Marina, qui est d’ailleurs gérée par la même compagnie. Pontons en
bois, pas de catways, et toujours ces sacrés pieux sur l’avant, pour
amarrer l’étrave.
Mais à part ça, eau, électricité (et aussi
téléphone et télé par câble, mais nous n’utilisons pas...), sanitaires
très corrects, et une petite boutique. Little Creek étant très bien
situé, près de la sortie de la Baie, c’est ici que nous reviendrons
dans deux semaines pour préparer MILLIVORE pour la grande traversée de
retour. Seul problème, pas de commerces à proximité : pour faire les
courses, il faut prendre un taxi, ou louer une voiture.
LA CHESAPEAKE BAYNous
sommes début mai, et nous voici enfin dans la Chesapeake Bay, l’un des
buts de notre voyage, pour lequel nous venons de faire ces 800 milles
depuis la Floride, dont 600 sur le Waterway...
Plus qu’une baie,
c’est une rade très fermée, ne donnant dans l’océan que par une passe à
l’extrême sud. Mais quelle rade ! 180 milles de long, du nord au sud,
30 milles de large, débouché de plus de 50 fleuves ou rivières souvent
navigables sur des dizaines de milles (comme le Potomac qui mène à
Washington), et de centaines de cours d’eau... des dizaines de ports,
mais surtout des centaines de mouillages... Un golfe du Morbihan à
échelle américaine, 20 fois plus grand... et bien moins fréquenté. Et
tout ça en eaux abritées !
Attention quand même : quand le vent
souffle fort du nord ou du sud, dans l’axe de la baie, il peut y avoir
de la mer. Mais on n’est jamais loin d’un abri.
La saison
avance, et nous n’avons plus que 10 jours pour visiter la baie. Suite
aux conseils d’amis québécois et américains, nous avons décidé de
visiter principalement la partie nord, et avons les documents nautiques
correspondant. Pour ne pas perdre de temps, nous décidons de
monter directement vers Harris Creek, à 24 heures de navigation. (Eh
oui, après 24 h, on n’est pas encore au bout !...). D’autant que le
vent est portant alors que la météo nous annonce un coup de vent de
nordet pour les prochains jours
DUN COVE (MARYLAND)Journée
agréable, par beau temps et vent portant (mais courant contraire), nuit
sans vent, au moteur, et surprise ! Brume à couper au couteau au petit
jour. Nous approchons prudemment, jusqu’à trouver une des bouées
du chenal de Harris Creek (Vive le GPS !), et nous remontons de bouée
en bouée jusqu’à Dun Cove. Un joli mouillage champêtre, entouré de
prairies et de petits bois, où nous sommes seuls en arrivant. L’abri
est bon du nord au sud par l’ouest, mais à l’est, il y a un petit mille
de fetch. Comme le vent se lève d’est, et que la météo confirme le coup
de vent prochain, nous changeons de mouillage en fin d’après midi :
nous nous enfonçons dans Dun Cove, et allons mouiller dans un bras de
la rivière orienté nord-sud. Il y a moins de 3m d’eau, mais l’abri est
parfait, et nous passons une nuit parfaitement calme, abrités du vent
par un petit bois.
A Dun Cove
BROAD CREEK (MARYLAND)Le
lendemain, la dégradation du temps est bien là. Sans être le coup de
vent annoncé, le temps est couvert et le vent frais. Nous sortons de
Harris Creek et nous remontons Broad Creek tant qu’il y a assez d’eau
pour MILLIVORE. Le paysage est très joli, mais les rives sont bordées
de propriétés privées, et il n’y a pas beaucoup de solutions pour
descendre à terre. Finalement, nous descendons Sweet sur une petite île
déserte, mais le débarquement n’y est pas facile car de nombreux troncs
d’arbres morts sont échoués sur ses rives.
SAN DOMINGO CREEK et SAINT MICHAEL (MARYLAND)Retour
du soleil le lendemain, mais avec un vent de nordet toujours soutenu,
et très frais. Une petite traite de 2 milles et demi, et nous allons
mouiller dans San Domingo Creek. Une remontée de la rivière en annexe
permet d’arriver par le sud aux arrières de Saint Michael, un joli
village. Mais attention, ces rivages très découpés forment un vrai
labyrinthe, et à notre première tentative, sans carte, nous nous
perdons ! Retour sur MILLIVORE pour prendre la carte, et nous arrivons
enfin à Saint Michael. Bien que très touristique, ce village a su
préserver une architecture typique très agréable. C’est également le
siège d’un intéressant musée maritime. Il y a des marinas à Saint
Michael, mais elles sont souvent pleines en saison, bien que ce soient
parmi les plus chères de la Chesapeake Bay.
La côte ici est
tellement découpée que nous ne sommes mouillés qu’à deux milles de
Saint Michael, mais que si nous voulions amener MILLIVORE dans le port,
il faudrait faire près de 40 milles. Nous faisons quelques courses dans
cette agréable escale.
A saint Michael
CHLORA POINT (MARYLAND)Le
lendemain, nous quittons Broad Creek, et nous remontons Choptank River.
Nous mouillons devant Chlora Point, devant une grande plage de sable,
totalement déserte. Au moins, ici, pas de problème pour descendre à
terre. Le vent, toujours fort, a viré à l’est, et le mouillage est un
peu clapoteux, sans être inconfortable. Sur la plage, on trouve de
nombreuses carapaces de crustacés bizarres, qui semblent tout droit
sortis de Jurassic Park...
WYE EAST RIVER (MARYLAND)Le
temps est brumeux le lendemain matin, mais s’améliore dans l’après
midi. Nous remontons la Chesapeake Bay vers le nord, et entrons dans
Wye East River. L’entrée est tortueuse, avec des hauts fonds un peu
partout, mais le balisage est à la hauteur. La rivière est très
sinueuse, et nous mouillons finalement dans une petite baie très
sauvage, sans aucune construction en vue. Par contre, nous voyons de
nombreux cygnes sauvages, comme partout dans la région, et en
descendant Sweet sur une petite plage, nous passons à proximité d’un
nid d’orfraie. La femelle qui couve n’apprécie pas, et au retour nous
ferons un détour pour ne pas l’effrayer.
ANNAPOLIS (MARYLAND)Ca
y est, la période de mauvais temps est terminée, et nous retrouvons un
temps ensoleillé et chaud. Nous partons vers Annapolis à une trentaine
de milles. Nous passons le phare de Thomas Point, très célèbre dans la
région. C’est une maison toute biscornue, mais une vraie maison, avec
un toit rouge, et montée sur pilotis, en pleine mer !... Il date de
1875, ce qui est très vieux pour ici.
Le vent vire au nord et nous
finissons au moteur. Malheureusement, j’oublie de couper l’alternateur
d’hélice qui est en route depuis le matin. Cet alternateur, conçu pour
débiter à faible vitesse de rotation, ne supporte pas d’être entraîné
directement par le moteur, et grille complètement. Ca nous vaudra
quelques problèmes de production électrique lors des prochaines grandes
traversées, et quelques heures de rebobinage l’hiver prochain...
Quelques
hésitations en entrant à Annapolis, car le balisage n’est plus comme
indiqué sur notre guide, mais nous entrons sans problème. Annapolis
est célèbre pour son Académie Navale, où sont formés tous les marins de
l’US Navy. C’est également une ville très tournée vers la plaisance, et
surtout la voile. Les marinas et chantiers navals sont nombreux, mais
nous choisissons de prendre un corps mort municipal, juste au sud des
bâtiments de l’Académie Navale. L’abri est bon, et l’environnement
agréable. Quelques centaines de mètres en annexe, et on débarque sur un
dinghy dock, en pleine ville. C’est même un peu trop en ville pour
Sweet, et nous préférons le descendre sur l’autre rive de la rivière,
sur une petite plage.
Annapolis est une ville très agréable,
vivante, avec de nombreux commerces. C’est aussi une très bonne escale
technique, avec toutes les ressources dont peut avoir besoin un
plaisancier, et notamment un grand shipchandler. Mais attention, comme
bien souvent aux USA, les magasins ferment presque tous à 18h.
Bien
que clôturée et gardée, on peut pénétrer dans l’Académie Navale, qui
s’apparente plus à un campus universitaire qu’à une caserne.
A Annapolis
Nous
profitons de notre escale à Annapolis pour faire une escapade d’une
journée à Washington, qui n’est qu’à 40 km. Mais plutôt que de louer
une voiture, nous choisissons d’y aller par car et métro. Balade autour
de la Maison Blanche, et dans les parcs avoisinants, visite du monument
dédié à George Washington, promenade sur le Mall vers le Capitole... Le
quartier est aéré et verdoyant, on comprend que le président et les
membres du gouvernement préfèrent vivre ici plutôt qu’à New York...
Nous
visitons ensuite le musée de l’air et de l’espace, très spectaculaire,
et nous rentrons, toujours par métro et car, à Annapolis, où nous
faisons quelques courses avant de retrouver MILLIVORE sur son corps
mort. Nous sommes crevés, mais Sweet qui est resté à bord toute la
journée, est lui
en pleine forme, et nous le descendons à terre pour une grande balade.
Annapolis
sera notre escale la plus au nord de la Chesapeake Bay, nous n’avons
pas le temps de pousser jusqu’à Baltimore, et nous repartons vers
Norfolk.
Jardin proche de la Maison Blanche à Whashington DC
ET RETOUR A NORFOLK (VIRGINIE)Nous
quittons Annapolis avec l’intention de faire une escale d’une nuit dans
Patuxent River, mais la météo nous annonce du vent de sud-ouest fort
pour bientôt, et nous décidons de faire route directe sur Norfolk, à 24
heures de mer au sud. Notez-bien que nous avions du nordet il y a
huit jours pour aller vers le nord. Aux USA, c’est comme en
Bretagne : on a toujours le vent dans le nez !...
Le lendemain,
nous arrivons à Little Creek, où nous avons déjà fait escale. C’est ici
que nous préparons MILLIVORE pour la grande traversée vers les Açores.
Nettoyages, rangements, lavage, vidange du moteur, avitaillement et
achats divers, contrôle de l’accastillage et du gréement...
Tout ça nous occupe une semaine entière.
Comme nous avons loué
une voiture, nous allons aussi visiter la région, et nous franchissons
juste pour le plaisir le pont-tunnel qui barre l’entrée de la
Chesapeake Bay : un ouvrage d’art de 25 km de long (si, si !),
comportant trois ponts et deux tunnels, le passage des ponts aux
tunnels se faisant sur 4 îles artificielles. Les tunnels, sous les
chenaux d’accès à la Chesapeake Bay permettent aux navires même de fort
tonnage, d’entrer et sortir librement dans la baie.
Un couple
d’Américains sympathiques, possédant un petit bateau à moteur sur notre
ponton, nous amènent un soir dîner à Norfolk, et visiter le
centre-ville.
Dernière galopade avant 19 jours de mer
Et le 30 mai 99, après un dernier plein de gasoil, nous larguons les amarres. En route pour Flores,
aux Açores, à 2100 milles de Norfolk.
Annexe : Et la gastronomie, dans tout ça ?...
Par Françoise
Juillet 99
Yves,
rencontré aux Açores, nous a fait remarquer, à juste titre que dans nos
compte-rendus, nous n’avions pas du tout parlé de nourriture et des
spécialités locales. Il est vrai que ce n’était pas notre but premier
pour ce voyage...
Mais nous avons quand même découvert quelques saveurs nouvelles ou oubliées...
La GaliceToutes
les spécialités espagnoles bien connues : paëlla, tapas, poissons,
grosses moules, etc...Je vous signale une crêperie bretonne à La
Corogne ! (sur le port de pêche “Crêperie de Bretagne”). En fait on y
mange d’excellentes crêpes espagnoles (et non bretonnes !).
A
Camarinas, on trouve dans la petite boulangerie du bourg (près de la
pharmacie) de l’excellent pain, des croissants et de l’empenada (sorte
de tourte à la morue).
Le PortugalBeaucoup de poissons. A Peniche, ne pas rater les sardines grillées.
Les
pâtisseries portugaises sont très sucrées. Il faut goûter les petites
tartes, genre flan pâtissier, et la brioche à la cannelle.
Il faut
bien sûr acheter du Porto (excellent et moins cher qu’en France), mais
aussi du Muscat de Setubal. Le Mateus est un grand vin portugais dans
une drôle de petite bouteille. L’huile d’olive “Gallo” de V. Guedes est
très bonne.
MadèreRedécouvrir
le Madère (qui n’a rien à voir avec celui vendu en France pour les
sauces). Nous avons une préférence pour le “doce”. Goûter aussi les
petites brochettes de boeuf ou de poisson. Au Portugal et à Madère, les
supermarchés Pingo Doce offrent un bon rapport qualité/prix. Il vaut
mieux y acheter les vins que d’aller chez un caviste...
Les CanariesAttention
! Aux Canaries on trouve de bonnes spécialités espagnoles, mais
il faut bien chercher ! Car c’est plutôt une nourriture
internationale... à tendance germanique ! A Lanzarote, il faut acheter
du vin. Chaque pied de vigne est planté dans la cendre volcanique et
entouré d’un muret (les alizés soufflent parfois fort ici).
Le fromage de chèvre est très bon sur Fuerteventura.
A
Tenerife, nous avons très bien mangé dans les petits restaurants qui
sont installés dans la zone piétonne de Los Cristianos (près de la
plage et du port). A l’apéritif, prendre un Martini Rose, servi avec
des glaçons et de l’orange dans un grand verre.
A La Gomera, ne pas
rater le marché (mercredi et samedi) pour les légumes et les fruits.
Nous avons fini de manger les pommes de terre de La Gomera aux
Grenadines, 2 mois plus tard... Il faut penser à bien laver fruits et
légumes (sauf les carottes, à brosser) avant de les embarquer, pour
éliminer les oeufs de cafards. C’est amusant d’aller dans la marina un
jour de marché fin novembre ou en décembre : les ponts des bateaux sont
couverts de fruits et légumes qui sèchent... A La Gomera, on trouve
aussi d’excellents fromages, vache et chèvre. Ils se sont bien
conservés pendant un mois, nous en avons mangé jusqu’à La Barbade.
Les AntillesBeaucoup
de spécialités créoles ! Aux Grenadines, tout est cher car tout (ou
presque) est importé. Mais le poisson, la langouste, les fruits sont
apportés directement à bord. Dans certains mouillages, les “comités
d’accueil” sont un peu “collants”. Il vaut mieux se mettre d’accord
avec un gars, et ne commercer qu’avec lui, en précisant aux autres
qu’on s’est entendu avec “Goldfinger”, par exemple (ils ont tous des
noms ronflants !...).
A St Elizabeth (Bequia) et à Clifton (Union),
on trouve un peu de tout. L’eau est payante, on peut faire le plein à
la marina (Clifton), ou bien une barge avec citerne vient accoster le
bateau au mouillage (Bequia).
Dans les îles françaises, il faut
absolument goûter le boudin créole, le colombo (de poulet ou de
mouton), le gratin de cristofine, le blaff (sorte de pot-au-feu de
poisson), les lambis, un peu caoutchouteux, les bananes (fruits ou
légumes), les ananas, etc... Il faut aussi goûter les différents cafés
aux parfums bien prononcés (Martinique, Dominique, Guadeloupe). Et il
faut aussi faire le plein d’épices sur les marchés. A Ste Anne, en
Martinique, il y a un petit marché très agréable. Celui de Basse Terre,
en Guadeloupe est très coloré.
Et le rhum ? A ne pas rater... Il est
excellent et bien moins cher qu’en métropole ! Le rhum de La Barbade
est très bon (nous en rachèterons aux USA...). En Martinique et en
Guadeloupe, il y a beaucoup de marques, certaines plus connues que
d’autres. Tout est question de goût... En Martinique, nous avons
préféré celui de trois Rivières, et en Guadeloupe celui de Montebello.
Quant
aux restaurants, tout est question de goût, de budget, etc... je vous
signalerai quand même celui du Boatyard à La Barbade, avec vue superbe
sur le mouillage. Au Marin, l’Indigo, avec orchestre le vendredi soir
(on danse le zouc dans une ambiance très décontractée !...). Et la
pizzeria et les petits restaus bordant la marina de Rivière Sens.
A
Puerto Rico, dans le vieux San Juan, plusieurs restaurants offrent de
la nourriture hispano-américaine assez dépaysante. Le café local est à
découvrir.
Les BahamasPas
vraiment de spécialités aux Bahamas ! Et peu de possibilités de faire
des courses, en particulier dans les Exumas. A Clarence Town, sur Long
Island, il y a une coopérative où l’on trouve des fruits et légumes
excellents à bas prix, et une petite épicerie avec quelques produits de
base. A Georgetown, c’est le grand luxe ! Avec Exuma Market, un vrai
petit supermarché où l’on trouve de tout, y compris de la viande (des
USA) et du poisson congelés. A Staniel Cay, toute petite épicerie
(maison bleue), et ce qui est appelé supermarket (maison rose, juste un
peu plus grande).
Toujours à Staniel Cay, il y a un excellent
restaurant, Happy People, où l’on peut manger de la langouste grillée
pour 50F. Quand on trouve de l’home bread, il ne faut pas hésiter à en
acheter, même si c’est cher ! C’est bien meilleur que le pain de mie
américain (à Georgetown Mom’s bakery sur le terre plein de la marina, à
Staniel cay à la maison rose). Aux Bahamas, il y a aussi du rhum, le
Don Lorenzo étant le plus célèbre. Le rhum à l’ananas est agréable au
goût, sur quelques morceaux de glace, celui à la mangue est plus
écoeurant.
Les USAAlors là, pour nos papilles françaises, c’est la Bérézina !
La
nourriture est aseptisée, insipide, trop sucrée ! Nous avons essayé
plusieurs fromages, mais il ont tous le même goût ! (On trouve du
fromage français dans certaines épiceries, mais il est hors de prix !).
Par contre, ils ne lésinent pas sur les colorants ! Presque tous leurs
yaourts sont à base de gélatine, et non de ferments lactiques. Leur
viande est bonne, mais on la sait bourrée d’hormones. Le poissons est
bon et généralement bien cuisiné dans les restaurants. Quant aux vins
californiens, ils ne sont pas mauvais, mais le Champagne, par exemple,
ne vaut pas un bon Champagne français.
Les fruits et légumes sont
superbes à l’étalage, mais comme tout, ils n’ont pas de goût ! Les
pommes, les tomates sont belles, toutes brillantes, mais on ne sait pas
trop ce qu’on mange ! Le chou-fleur est sucré, comme certaines carottes
(manipulations génétiques ?), et nous avons été obligés de jeter au
milieu de l’Atlantique, les pommes de terre achetées à Norfolk juste
avant le départ. Elles étaient toutes pourries !
Chaînes de supermarchés (bon rapport qualité/prix) :
Floride, Georgie : Publix
Virginie, Maryland : Food Lion
Chaînes de restaurants :
Denny’s et Apple Bee : repas simples, bon marché, mais de bonne qualité.
Dans l’ensemble, les steak houses (souvent buffet de hors d’oeuvre, puis viande).
A noter : bien cuit : well done
rosé
: medium
bleu
: rare
Et tous les restaurants de poissons.
La
plupart du temps, pour les boissons sans alcool, le refill est gratuit
(Coca, Seven Up, thé froid ou chaud, café, etc...). Le café, dans les
restaurants aux Etats-Unis, n’est vraiment pas fort. Pour nous c’est
plutôt de l’erzatz de café ! (et ça a la couleur du thé bien infusé !).
L’avantage est qu’on peut en boire tant qu’on veut, ça n’empêche pas de
dormir...
Nous avons quand même apprécié quelques spécialités :
Le lemon pie en Floride (tarte au fromage blanc et citron vert)
La tarte au pecan, un peu plus haut en Caroline
Le crabe cake, spécialité de la Chesapeake bay.
Globalement,
en conclusion, il ne faut pas aller aux USA pour la nourriture (et
pourtant, comme en France, nous avons évité les Mac Do !...). Et il
faut savoir que bien se nourrir aux USA (selon nos critères français)
revient cher ! Donc, prévoir le budget.
Les AçoresAprès
les USA, quelle joie d’arriver aux Açores ! Enfin du vrai pain, du vrai
fromage, et du bon beurre !... Chaque île, ou presque, a sa spécialité
de fromage, les plus connus étant ceux de Pico, de Sao Jorge et de Sao
Miguel. Chaque île a aussi son vin cuit (celui de Terceira est
particulièrement bon), que l’on déguste en grignotant des fèves séchées
et salées. La viande est bonne et pas chère. Les supermarchés Modelo
ont un assez bon choix de produits (y compris quelques produits
français, qui font parfois du bien après des mois loin de la France !).
RemarquesJ’ai
oublié la plupart des noms des restaurants où nous avons mangé, car je
ne les ai pas notés aussitôt. Vous ne serez peut-être pas d’accord avec
mes appréciations, mais la nourriture est quelque chose de très
personnel et nos goûts sont tous différents...
Quelques trucs utiles :- Pour conserver les oeufs :
Nous
mettons 6 oeufs dans le panier de la cocotte minute, nous les plongeons
5secondes dans l’eau bouillante (ça coagule
une mince couche de blanc), et nous les remettons dans leur
boîte en carton, à l’abri de la lumière. Ils se conservent ainsi
plusieurs semaines en dehors du frigo.
- Le lait condensé remplace la crème fraîche dans les recettes cuisinées.
-
Le lait UHT est encombrant et souvent cher, par contre on trouve
partout facilement du lait en poudre. Comme nous ne buvons pas de lait
pur, nous l’avons adopté à partir du Portugal, jusqu’au retour en
France. Nous reconstituons du lait liquide pour les desserts et la
purée.
- En grande traversée, penser à utiliser l’eau de mer
pour la cuisson du riz, des pâtes, de la semoule de couscous (2/3 d’eau
douce, 1/3 d’eau de mer). Pour les pommes de terre avec leur peau, tout
à l’eau de mer.
- Le jambon en boîte (souvent de marque danoise)
est très pratique pour les salades composées, les risotto, les pâtes
(on peut réaliser d’excellents spaghetti bolognaises avec).
-
Les briques individuelles de soupe et les conserves de plats cuisinés
pour une personne sont indispensables. Il ne faut pas hésiter à prévoir
large... En cas de mauvais temps, le mal de mer ne frappe pas tout le
monde en même temps (heureusement !). Et il est bien agréable de
pouvoir manger chaud...
- Il faut savoir que rien n’égale les
conserves françaises, donc prendre ses précautions pour les grandes
traversées (en métropole avant le départ, dans les îles françaises
ensuite).
- Aux USA, on ne trouve pas de biscottes ni de pain de
mie longue-conservation. Donc pour la traversée-retour, j’ai été
obligée de faire du pain tous les deux jours à peu près. Pas agréable
au près serré dans la mer formée...!
- A bord de Millivore, il y
a un four mais j’ai renoncé à l’utiliser (à cause de sa consommation
élevée en gaz et de la chaleur ). Toute les recettes sont facilement
réalisables à la cocotte-minute ou à la poêle. Il n’y a que pour les
tartes que j’ai baissé les bras !
- Et pour finir, ma recette de “pain à la casserole“ :
Ingrédients :
- 500g de farine
- 1 sachet de levure de boulanger (ou 3 cuillerées à café)
- 2 verres d’eau tiède
- 1 cuillerée à café (bombée) de sel
Travailler
la pâte jusqu’à ce qu’elle se détache bien du saladier. Couvrir avec un
torchon et laisser reposer une heure. Retravailler alors la pâte
pendant 10 minutes. Beurrer une casserole (genre Téfal). Y mettre la
pâte. Couvrir avec le torchon et laisser gonfler. Là, le temps dépend
de la température ambiante : 1 heure sous les tropiques, 3 à 4 heures
aux Açores.
Quand la pâte a bien gonflé, faire cuire à feu très
doux, en mettant un couvercle sur la casserole, pendant 45 minutes.
Retourner la boule à l’aide du couvercle et poursuivre la cuisson
pendant 15 minutes.
Retour page MillivoreSeptembre 99
30
mai 1999. Nous quittons Norfolk, en Virginie, pour la traversée retour,
vers les Açores. La route orthodromique nous ferait monter assez
rapidement au nord, vers le 40ème degré, et c’est aussi ce que
conseillent tous les bouquins, pour profiter du Gulf Stream et des
vents d’ouest. Mais dès le départ, une dépression basse en latitude
nous fait craindre des vents contraires sur cette route, et nous
partons plein est. Quelques jours plus tard, nous restons une dizaine
d’heures dans la veine principale du Gulf Stream, ce qui nous vaut une
journée de près de 200 milles (155 milles sur l’eau). Nous pensions
remonter au nord une fois la dépression évacuée, mais non... Un
puissant anticyclone, venu du Canada vient se placer sur le nord de
l’Atlantique, et arrive à inverser totalement la circulation
atmosphérique sur l’océan : vents puissants d’est sur le nord (où
circule normalement le flux d’ouest), dépression sur les Açores (si, si
!), et vents d’ouest plus au sud. Heureusement, nous recevons à bord
les cartes météo quotidiennes, ce qui nous permet de rester dans ce
flux d’ouest, mais qui nous oblige à descendre en latitude jusqu’au
34ème degré (où nous devrions avoir l’Alizé de nord-est...).
Finalement, il nous faut bien remonter au nord (ou bien repartir vers
les Canaries...), et nous finissons la traversée par 8 jours de près
dans la brise. Epuisant...
Coucher de soleil sur l'Atlantique nord
19 jours de traversée de Norfolk à
Flores, ce n’est pas si mal car les bateaux qui sont restés sur la
route nord ont tout fait au près, et n’ont pas fait de grosses
moyennes. Notamment un ketch français de 18m a traversé en 18 jours,
mais depuis les Bermudes, soit 600 milles de moins. Vive les fax météo
!...
FLORESNous
approchons de Flores, l’île la plus à l’ouest des Açores, au près
serré, par vent d’est soutenu. L’alternateur d’hélice ayant grillé aux
USA, nous avons fait tourner le moteur chaque jour pour recharger les
batteries, et nous n’avons plus beaucoup de gasoil.
Il n’y a que
deux ports à Flores, et les deux sont ouverts à l’est. Santa Cruz,
minuscule, est totalement intenable par vent d’est. Il ne reste que
Lajes, mais qui doit être terriblement houleux par ce vent. Nous
pensons y rester juste le temps de faire les formalités d’entrée et de
prendre du gasoil, puis aller mouiller ensuite sous le vent de l’île.
Comme
nous arrivons en début de nuit, nous allons prendre la cape sous le
vent de l’île pour la nuit, et le 19 juin au petit jour, nous partons
sous grand voile et moteur pour les quelques milles qui nous séparent
de Lajes. Le vent est toujours fort, et dès que nous quittons l’abri de
l’île, les mouvements sont tels que le circuit de gasoil se désamorce,
et le moteur cale. Il reste pourtant plus de 15 litres dans le
réservoir, mais dans un coup de roulis, la prise de gasoil s’est
trouvée à l’air libre, et c’est la panne.
Décidément, nous n’irons pas à Lajes !
Nous
repartons à la voile sous le vent de l’île, et nous allons mouiller à
Faja Grande, petit village bordé d’une plage de galets. Nous sommes
seuls, mouillés au pied d’une falaise de 300 mètres, d’où tombent
plusieurs cascades. C’est très beau ! De plus l’abri est très
bon, avec ce vent d’est. Nous sommes même protégés au sud par une
coulée de lave noire, et le mouillage est parfaitement calme, sans
houle ni clapot. Je descends à terre en annexe, avec Sweet qui
attendait ça avec impatience. Le village de Faja Grande est très petit,
et n’offre aucune ressource, mais je suis très vite confronté à
l’accueil portugais : en moins de 10 minutes, et sans parler un mot de
la langue locale, j’ai trouvé quelqu’un qui va m’emmener à Santa Cruz
en voiture, avec mes bidons, pour faire les formalités et ramener du
gasoil ! Je profite de ce passage à Santa Cruz pour aller voir le
port. Le petit bassin est bien agité, et la mer déferle sur les roches
de l’entrée. Rien à faire, il est vraiment inaccessible par vent d’est.
Ressources de base dans le village.
L’île est très belle, couverte
de fleurs (qui lui ont donné son nom), avec plusieurs beaux lacs dans
des cratères volcaniques. Faja Grande est le village le plus à l’ouest
de l’Europe. Deux jours après, plusieurs bateaux nous ont rejoints à
Faja Grande, et José, un pêcheur du coin, nous amène à Lajes dans son
pick-up, pour faire des courses. Nous y rencontrons d’autres équipages
français, américains, canadiens, et nous déjeunons tous ensemble dans
un petit restaurant. Il y a plus de 50cm de creux dans le port de
Lajes, et le séjour au mouillage est invivable. Aucun regret de n’être
pas venus ici ! Nous conseillons à tous de venir nous rejoindre à Faja
Grande, ce que plusieurs feront. De retour à Faja Grande, nous trouvons
au mouillage le BEL ESPOIR, avec le père Jaouen à bord, qui arrive de
Saint Pierre. Et nous finissons la journée par un barbecue sur le port,
avec les autres équipages.
Pour résumer sur Flores :
Santa Cruz : port de beau temps, par vent d’ouest établi,
assez précaire.
Lajes : bon abri par vent de
sud au nord, par l’ouest, intenable par vent d’est.
Faja grande : bon mouillage par vent d’est établi.
Et quelques mouillages plus ou moins précaires sur la côte est, par vent d’ouest établi.
Au mouillage à Faja Grande
HORTA (FAIAL)Après
4 jours de repos dans le mouillage enchanteur de Faja Grande, le vent
d’est tombe enfin, et nous partons pour Faial, route au moteur par vent
très faible.
Horta, port principal de l’île est un haut lieu de la
plaisance internationale. C’est là que tous les bateaux de voyage
passent, un jour ou l’autre. C’est d’ailleurs une des seules villes du
monde qui reçoit plus de touristes en bateau de plaisance qu’en avion...
Nous
arrivons en fin de matinée, après une nuit de mer calme. Accueil au
port très bien organisé, on voit qu’ils ont l’habitude d’accueillir les
voiliers. “Vous allez vous mettre à couple sur tel bateau, en cinquième
position... Ah, vous avez un chien à bord ? A couple, ce n’est pas
pratique... Bon, je vais vous trouver une place sur un ponton !” Merci,
Sweet ! Et merci surtout au personnel du port, qui fait vraiment tout
son possible pour aider les équipages en escale ! La marina est très
bien abritée, et équipée de pontons à catways, avec eau et électricité.
Quand ils sont pleins, les bateaux se mettent à couple le long d’un
grand mur. Pas de problème d’amarrage, le marnage est faible. Au gré de
la météo, le port se vide (vent d’ouest) ou se remplit (vent d’est)
parfois jusqu’à bloquer tous les mouvements. Mais personne n’est laissé
dehors, rien à voir avec Funchal...
Nous avons le plaisir de
retrouver ici nos amis de l’ECHAPPEE BELLE, que nous n’avions pas vus
depuis la Dominique, et CHRYSALIDE, connu aux Bahamas, qui arrive
quelques heures après nous, mais nous avons raté QUINTUS de peu, ils
sont partis deux jours avant notre arrivée... Et nous allons bientôt
voir arriver aussi tous nos nouveaux amis connus à Flores.
Nous
allons chercher notre courrier au célèbre café “Chez Peter”, qui assure
un service postal gratuit, et fiable. Ce café est tout petit, peu en
rapport avec sa réputation quasi mondiale dans le domaine de la voile.
L’ambiance
est très bonne dans le port, entre les équipages de toutes
nationalités. Les Européens rentrent au bercail, les Américains
viennent de partir, et s’inquiètent d’aborder l’Europe (électricité
220V, pas de remplissage des bouteilles de propane, des tas de
dialectes incompréhensibles, télé
PAL-SECAM... Quelle jungle !...).
Principales
activités à Horta, longues discussions entre équipages autour d’un
“planteur” (prévoir une bonne cargaison de rhum !), et surtout,
peinture du logo du bateau sur l’un des murs du port. Horta est célèbre
pour ça, des dizaines de milliers (non, non, je n’exagère pas !) de
dessins couvrent tous les murs en béton du port, et même aussi le sol.
Il n’y a plus de place disponible depuis bien longtemps, et donc on
recouvre les dessins les plus anciens qui sont devenus illisibles. Pas
question de ne pas laisser son dessin, ça porte malheur ! On se passe
les pots de peinture d’un bateau à l’autre, avec réservations plusieurs
jours à l’avance ! Cette coutume sympathique fait la fortune de la
droguerie locale, qui fournit la peinture, et donne un environnement
très coloré au port. Rien à voir avec les tags de nos banlieues, car
chaque équipage a à coeur de faire un joli dessin bien propre. Et pour
une bonne longévité, on peut vernir le dessin avec un vernis incolore,
car chacun espère bien retrouver son dessin “quand on reviendra”...
Notre logo, sur un mur du port de Horta
Il
faut aussi faire quelques courses, le supermarché est assez loin du
port, mais comme on y rencontre toujours d’autres équipages, il est
fréquent de fréter un taxi à plusieurs pour le retour. Pour le linge,
la camionnette de la laverie passe le prendre sur le port, et le ramène
quelques jours plus tard. Il y a bien un lave-linge disponible sur le
port, mais il y a tous les jours une queue monstrueuse. On trouve un
accès Internet à Cyber Açores, pour lire les E-mail. Nous louons une
voiture une journée, pour faire le tour de l’île. Très jolie, avec son
volcan, et couverte de fleurs, comme Flores.
Nous pensions passer 4
ou 5 jours à HORTA, et nous sommes restés 10 jours dans cette
sympathique escale, sans jamais nous ennuyer.
Caldeira do Inferno, sur Faial : deux cratères de volcans submergés
VELAS (SAO JORGE)Nous
quittons Horta par vent d’ouest, mais quelques heures après, il passe
au sud-est. Et le port de Velas, seul port de l’île de Sao Jorge est
justement ouvert au sud-est... Ce tout petit port de pêche a fait
récemment de gros effort pour accueillir les plaisanciers, et a mis en
place de nombreux corps morts. C’est très clapoteux avec ce vent de
sud-est, mais ça ne semble pas dangereux, et nous restons quand même
pour la nuit. Mais nous ne descendons pas à terre. Dommage, car il
paraît que le village et l’île sont jolis...
PRAIA DA VITTORIA (TERCEIRA)La
météo n’est pas engageante pour les prochains jours, et nous renonçons
à aller à Graciosa, où il n’y a pas d’abri sérieux. Nous partons donc
directement pour Praia da Vittoria, sur Terceira.
Deux grandes
jetées ont été construites pour fermer une grande baie, et forment un
immense espace abrité. Le vent étant au sud, nous allons dans la partie
sud, où se trouve un port de pêche et commerce tout neuf, et qui semble
encore en grande partie inutilisé. Nous mouillons à l’extérieur, mais
plusieurs voiliers sont entrés dans ce port et sont à quai, où il y a
toute la place voulue. Inconvénient : nous sommes loin de la ville qui
est au nord de la baie, mais comme l’eau est plate, nous y allons en
annexe.
Les formalités se font au port du village, tout au nord de
la baie, où une petite marina est en construction. Le village est
agréable, avec une grande rue commerçante très animée, et beaucoup de
magasins de souvenirs. Il y a une base de l’OTAN sur Terceira, et
beaucoup d’Américains passent par ici. Il y a d’ailleurs un gros trafic
d’avions militaires sur l’aéroport proche. Au bout de 2 jours, le vent
passe au nord, et nous allons mouiller tout au nord de la baie, près du
village. Quelques jours de repos en attendant que la météo s’améliore,
et nous partons en fin d’après midi pour Sao Jorge, à 100 milles au sud
est.
Au mouillage à Praia da Vittoria
PONTA DELGADA (SAO MIGUEL)Nous
arrivons le lendemain matin à Ponta Delgada, la plus grande ville des
Açores, sur la plus grande île. Longues formalités, car il y a la
queue, et comme il n’y a plus de place au ponton, nous sommes à couple
en troisième position. La marina est moderne, eau, électricité, et
parfaitement abritée. Nous retrouvons quelques amis-bateaux, et comme
nous voyons flotter le guidon UPF sur ISIS, nous faisons la
connaissance de son équipage, Yves et Aline Pinault et Antoine
Paquignon, avec qui nous fêterons dignement le 14 juillet !
On
trouve toutes les ressources d’une grande ville à Ponta Delgada, grands
magasins, plusieurs supermarchés dont un tout proche de la marina.
Parfait pour préparer le bateau pour la traversée finale vers la France.
Nous
louons une voiture pour visiter l’île. Nous payons cher, mais ça vaut
le coup. L’activité volcanique est encore très présente sur cette île,
et on y trouve à plusieurs endroits des fumerolles et des geysers d’eau
bouillante, avec odeurs prononcées de soufre... Fleurs à profusion,
lacs dans les cratères, littoral découpé, une bien agréable promenade.
Sao Miguel
ET RETOUR EN BRETAGNELe
17 juillet 99, nous quittons les Açores pour la dernière traversée vers
la Bretagne. Le créneau météo semblait correct au départ, mais après 3
jours de vent portant, un anticyclone vient se positionner au large de
l’Irlande et y reste, produisant un fort flux de nord-est sur la zone.
Impossible d’y échapper, de l’Irlande au sud du Portugal, le vent est
au nord-est et souffle jusqu’au milieu de l’Atlantique...
Force 5 à
6, en plein dans le nez, mer creuse et courte, faible progression
quotidienne, et pas d’amélioration en vue sur les prévisions météo à 4
jours... Au bout de 5 jours de ce régime, nous en avons vraiment assez,
et nous décidons de nous dérouter vers la Corogne, en Espagne,
accessible au près bon plein, sur un seul bord bien plus confortable.
C’est
avec plaisir que nous arrivons à la Corogne après 10 jours de mer. Nous
y sommes venus souvent et nous avons l’impression d’être “chez nous”.
Une bonne nuit de sommeil, le plein de gasoil, et nous repartons dès le
lendemain pour la dernière traversée vers la Trinité.
Traversée
agréable, par vent faible, deux tiers de moteur, un tiers de voile
petit largue, et le 31 juillet 99, à deux heures du matin, nous entrons
à la Trinité sur Mer.
Et voilà, notre périple est terminé !
11 mois, 11900 milles, 100 escales différentes, 50 îles, 10 pays, 2 continents...
Une merveilleuse croisière !
La duréePour
ce voyage, nous n’avions qu’un an (année sabbatique), et nous avons
limité la durée à 11 mois, pour avoir le temps de se réinstaller au
retour.
11 mois, ça passe vite. Pour tenir l’itinéraire prévu nous
avons dû courir (nous avons fait en moyenne plus de 1000 milles par
mois !), et nous avons dû écourter certaines escales paradisiaques...
L’idéal
est de partir plusieurs années, ce que nous ferons probablement à la
retraite. On peut certainement passer 3 ou 4 ans à explorer les
Caraïbes (du Venezuela à la Floride) sans jamais s’ennuyer. Il faut
seulement passer la saison des cyclones au bon endroit, soit dans
l’extrême sud, où ils sont rares, soit là où l’on trouve des mouillages
ou des marinas parfaitement bien abrités (oui, oui, ça existe !)
L’itinéraireNous avons fait la plupart des escales classiques, mais nous sommes sortis des sentiers battus à plusieurs reprises :
Le sud du Portugal.
Beaucoup de bateaux traversent directement de Lisbonne à Madère. Nous
avons choisi de visiter d’abord le sud du Portugal et ne l’avons pas
regretté. Sines, Lagos, sont de merveilleuses escales, si on peut
oublier Vilamoura.
Lanzarote.
A l’extrême est des Canaries, cette escale oblige à naviguer près du
vent, depuis Madère. Elle est par conséquent plutôt fréquentée par les
méditerranéens qui arrivent du Maroc. Peu touristique, et très
dépaysante, avec son look saharien, elle mérite une visite. Au
contraire, Grande Canarie et Tenerife, complètement bétonnées, sont à
considérer comme des escales techniques (si on y trouve de la place...).
La Gomera est une bonne base pour préparer la grande traversée.
La Barbade.
Si on ne s’y arrête pas en arrivant, on n’y retourne plus jamais (elle
est à 100 milles au vent des autres Antilles). Ceux qui vont
directement au Marin ou à Pointe à Pitre se privent d’une très agréable
escale.
Les Vierges américaines.
C’est vrai, il faut un visa US, et c’est pourquoi tout le monde va aux
Vierges anglaises, où se trouvent aussi les bases de location. Mais
c’est justement ce qui fait le charme des Vierges américaines : peu
urbanisées, peu fréquentées, des conditions de navigation faciles
(l’alizé y est nettement moins fort que plus au sud), et des dizaines
de mouillages superbes... Nous regrettons de n’y être pas restés plus
longtemps.
Porto Rico.
À partir d’ici, nous quittons la route des européens, qui remontent
directement des Vierges vers les Bermudes, et nous verrons
essentiellement des bateaux américains et canadiens. Porto Rico et les
îles proches sont pourtant très belles. Nous n’avons fait escale qu’à
Culebra, Culebrita et San Juan, mais il paraît que la côte sud vaut
aussi le détour...
Les Bahamas.
Archipel de rêve... De loin ce que nous avons vu de plus beau durant ce
voyage. Le tourisme et les flottes de location sont cantonnées au nord,
sur Grand Bahama et Great Abaco. Les Exumas sont le domaine des
plaisanciers américains qui naviguent (même pour eux, ça commence à
être loin...), mais il y a tant de mouillages qu’on est jamais
bousculés. Plus de 600 îles désertes, un climat agréable, des eaux
d’une couleur et d’une clarté exceptionnelles... Et c’est si beau!...
Et plus au sud, il n’y a plus personne, on peut passer des
journées entières seuls dans des mouillages de rêve...
Les USA.
Totalement délaissés des plaisanciers français. Les mouillages tropicaux
sont terminés (le climat aussi !), mais il y a quand même quelques
jolis coins à voir, St Augustine, Savannah, Charleston... La navigation
sur l’Intracoastal Waterway est parfois lassante, mais souvent
pittoresque. La Chesapeake Bay, un Golfe du Morbihan à l’échelle 20,
propose des dizaines de très beaux mouillages sauvages, et plusieurs
jolies villes, Saint Michael, Annapolis...
Les Açores.
Beaucoup de bateaux se contentent de l’escale classique de Horta. Bien
sûr, il faut aller à Horta, ne serait-ce que pour peindre son logo sur
le mur... Mais les autres îles méritent aussi largement quelques jours
d’escale.
Les traverséesPlus
éprouvantes que ce qu’on pouvait imaginer. A l’aller, 15 jours
consécutifs avec 20 à 30 noeuds de vent établis, et tous les jours des
grains bien plus forts, avec une mer creuse, courte et croisée. Mais
c’était portant...
Au retour, nous avons eu du vent debout. Même
s’il a rarement dépassé 25 noeuds, il nous a donné des conditions de
navigation très pénibles. Ne croyez pas les bouquins ! Non, il n’y a
pas toujours du petit temps dans la mer des Sargasses... Non, le vent
n’est pas toujours de secteur ouest sur l’Atlantique nord... Non, il
n’y a pas toujours un anticyclone sur les Açores... Cette année (1999),
nous avons eu entre mai et juillet des semaines entières de vent d’est
établi sur tout l’Atlantique nord... Ne vous fiez pas aux statistiques,
et emportez un décodeur de fax météo !
Le bateau MILLIVORE
est un FEELING 1090, acheté neuf en 1992, mais sans barre à roue ni
circuit 220V comme spécifié à la commande. Il a parfaitement tenu le
coup pendant cette croisière, et n’a connu aucune avarie, malgré des
conditions parfois éprouvantes (pour lui comme pour nous...), journées
entières de près serré dans la brise. Une préparation minutieuse, et
notre parfaite connaissance de ce bateau (nous avions parcouru près de
10000 milles à bord, avant de partir), ont certainement contribué à
cette absence de problème.
Ses équipements “grande croisière” comprennent, entre autres :
Un pilote in-board (vérin hydraulique sur la mèche de safran), et un pilote de barre franche de secours.
Trois panneaux solaires, une éolienne et un alternateur d’hélice.
Deux retenues de bôme, une sur chaque bord, gréees en permanence et ramenées au cockpit.
Une mâchoire de tangon spécialement polie pour réduire le raguage de l’écoute de foc.
Une station de radioamateur, et un PC portable permettant la réception des fax météos et des messages NAVTEX.
Au
retour, avec près de 22000 milles au loch en moins de 8 ans, MILLIVORE
est encore “comme neuf”. Seul son génois est à bout de souffle, et nous
allons lui en offrir un neuf pour la prochaine saison.
L’équipageNous
naviguons en couple, depuis plus de vingt ans. Et nous avons fait ce
voyage également à deux. Nous avons cependant embarqué des
membres de la famille et des amis, aux Antilles, aux Bahamas et aux
USA, mais plus comme passagers que comme équipiers.
Un chien à bordQuand
nous sommes partis, notre chien Sweet avait 5 ans, et naviguait avec
nous depuis l’age de 6 mois : un vrai chien de mer ! Exubérant avec les
visiteurs, il est plus calme avec nous, et ne nous a pas posé de
problème. En mer, il fait ses besoins sur le pont si le temps est calme
(il y a pour ça des filets de filière à l’avant, sur MILLIVORE) ou dans
le cockpit quand ça remue, sur un tapis antidérapant réservé à cet
usage. Un tuyau branché sur la pompe d’eau de mer de la cuisine nous
permet de rincer immédiatement (je ne puise jamais d’eau de mer au
seau, en navigation, c’est une des manoeuvres les plus dangereuses que
je connaisse...). Mais bien sûr, il préfère aller à terre, et nous le
descendions en général au moins deux fois par jour, en escale.
Les
chiens sont interdits sur les territoires britanniques, et nous ne
sommes pas allés pour ça aux Vierges Anglaises, ni aux Bermudes. Dans
les anciennes colonies britanniques, devenues pays indépendants, les
chiens sont parfois interdits aussi, mais cette réglementation ne
semble pas appliquée en pratique, et nous n’avons eu aucun problème.
Partout ailleurs les chiens sont acceptés, et on ne nous a demandé le
certificat antirabique de Sweet qu’une fois, aux Vierges américaines.
Il avait bien sûr tous ses vaccins à jour, et aux Antilles, nous avons
lui administré de plus un vermifuge contre les “vers du coeur”,
parasites tropicaux qui n’existent pas en Europe. Sweet n’a connu aucun
problème de santé durant ce voyage.
Outre le plaisir de sa
compagnie, un chien à bord est aussi une bonne protection contre les
visiteurs indésirables, et contre les comités d’accueil trop
envahissants des petites Antilles.
Les financesNous
avons vécu 11 mois, avec un budget de 5000F par mois, y compris les
places de port, les voitures de location, les restaurants et autres
petits plaisirs... Et les marinas américaines, qui sont très chères...
Il
faut bien sûr ajouter l’équipement du bateau. Mais la vie à bord
revient beaucoup moins cher que la vie à terre. Ca ne vaut pas le coup
de s’en priver !...
Et si c’était à refaire ?C’est bien simple, nous commençons à penser à notre prochain voyage...