LA CONCEPTION


Conception générale

Un monocoque, pour son plus grand confort en haute mer, et sa plus grande facilité à trouver de la place dans les ports. Mais la principale raison est esthétique : un monocoque est tellement plus beau qu'un catamaran !

Nous tenons à un tirant d'eau réduit. Le 1.80m de Millivore commençait à être un peu limite aux Bahamas et aux USA. Noulica qui est plus long de deux mètres ne pouvait donc pas être un quillard.
Un dériveur intégral est séduisant par son très faible tirant d'eau et sa facilité à se poser directement sur la coque,  mais en essayant de le dessiner ainsi, je me suis heurté à deux problèmes importants :
- La position verticale du centre de gravité est très haute, ce qui a un effet désastreux sur la courbe de stabilité aux grands angles de gite, et  sur l'angle de chavirement.
- Et le puits de dérive est très difficile à intégrer dans les aménagements, ce qui conduit souvent à un carré trop petit, coincé d'un coté du puits, et une cuisine américaine trop longue de l'autre coté.

Après avoir vainement essayé de trouver un bon compromis, je me suis orienté vers un dériveur lesté. Une quille peu profonde porte tout le lest, et permet d'abaisser la dérive. Le puits peut être ainsi en grande partie placé sous le plancher. La partie qui dépasse est intégrée dans le meuble de cuisine, et forme un accoudoir et une petite desserte dans le carré.
Le tirant d'eau est ainsi réduit à un mètre, et la quille présente une surface anti dérive qui doit permettre de rester manoeuvrant même dérive haute.  

La position du centre de gravité reste un point crucial, et tout est mis en oeuvre pour le maintenir aussi bas que possible :
- Un matériau de construction léger
- Un déplacement moyen, plus élevé que ce que permettrait le matériau
- Ce qui conduit à un rapport de lest important, plus de 40%
- Des superstructures aussi légères que possible
- Un gréement carbone
- Un positionnement soigné des éléments lourds : les réservoirs d'eau et de gasoil, le chauffe-eau et les batteries sont placés sous le plancher, de part et d'autre du puits de dérive, au centre du bateau.
- Et tant qu'à faire, poussons le centrage des poids : la pièce d'étrave, les cadènes, l'épontille, les mèches de safran et l'ensemble du gouvernail sont en carbone.


Le matériau

Nous n'avions aucune compétence dans le travail de l'aluminium, et pas un gros attrait vers la fibre de verre...
Nous nous sommes orientés vers le bois, qui est agréable à travailler et présente d'excellentes qualités mécaniques relativement à son poids. Nous avons finalement opté pour le contreplaqué, qui permet une construction plus facile et rapide que le strip planking. Evidemment, on obtient une coque à bouchains. Un fond plat pour un montage facile de la quille, et trois bordés de chaque côté permettent d'obtenir une coque élégante.


Le dessin de la coque

Il s'agit d'un bateau de croisière, et non de course. L'accent a été porté sur le confort en haute mer et l'aspect marin et non sur la vitesse pure. La coque est équilibrée, le maître bau légèrement reculé (62% de la longueur), l'arrière modérément large comparé aux bateaux de croisière actuels qui veulent ressembler à des bateaux de course.
Toutes les courbes (fond, bouchains, livet), en vue de dessus et vue latérale, sont définies par des équations mathématiques, principalement des splines cubiques ou de degré 4, et les deux courbes du livet sont des sinusoïdes. Les bordés sont les surfaces développables qui s'appuient sur les bouchains et l'étrave rectiligne est une génératrice commune aux deux bordés supérieurs. Ceci assure un parfait raccord de ces deux bordés sur l'étrave.  A l'arrière, les génératrices sont fortement angulées par rapport aux couples, d'où un vrillage important et donc des courbes convexes à l'intersection avec le tableau.


Le gréement

Tout naturellement un sloop Marconi, pour sa simplicité et ses performances. Nous avons envisagé d'avoir deux étais, l'un derrière l'autre, avec un foc à enrouleur sur chacun, mais nous y avons renoncé devant le poids, le prix, et la quasi impossibilité de virer de bord sans rouler le génois avant.
Nous aurons un spi asymétrique ou une voile similaire, en chaussette, pour le portant par petit temps.
Le génois est grand, contrairement à la mode actuelle, avec un recouvrement de 50%. Nous sommes des adeptes de la navigation sous génois seul au portant dans la brise, éventuellement tangonné aux allures très arrivées, et roulé à la demande si nécessaire. Le bateau, tiré par l'avant, a une excellente stabilité de route ce qui est très favorable pour le pilote automatique.
La grand-voile est entièrement lattée et ne fasseye pas, elle est ainsi plus facile à manipuler et à ferler. Les barres de flèches sont dans l'axe ce qui permet de bien déborder la grand-voile sans cisailler le tissu entre les haubans et les lattes.
Le mât est tenu par deux étages de barres de flèche, et quatre bas haubans. Les cadènes sont rentrées, le génois se borde à l'extérieur du haubanage.


Le pont


Roof panoramique permettant la vue vers l'avant depuis l'intérieur. Nous l'avions sur Millivore (c'est typique des plans Harlé) et l'avons toujours apprécié. Par mauvais temps, nous laissions barrer Arthur le pilote, et faisions la veille de l'intérieur. Au point que nous n'avons jamais envisagé d'installer une capote.

Coffre plat pour l'annexe sur la plage avant. Nous ne remorquons jamais l'annexe, et la gonflons et dégonflons aussi souvent que nécessaire. Comme ça se fait sur la plage avant, nous voulons la stocker sur place. Sur Millivore nous devions la transporter à chaque fois vers ou depuis le cockpit, et c'était assez pénible.

Bancs de cockpit suffisamment longs et larges pour pouvoir s'y asseoir confortablement, mais aussi s'y allonger. Caillebotis de fond de cockpit pouvant se relever et former une table (très pratique !).

Barre franche ! Plus agréable à barrer, moins encombrante, plus fiable, plus légère, moins chère qu'une barre à roue. Il n'y a que des avantages ! On se demande pourquoi les chantiers professionnels montent systématiquement des barres à roues sur leurs bateaux...

Deux safrans de type Gianoli, c'est  à dire surcompensés et stabilisés par un fletner à braquage automatique. Le pilote ne manoeuvre que le fletner, d'où une bien plus faible consommation. Les mèches de safran et la mèche de barre franche sont montées sur des paliers à rouleaux.

Jupe arrière, si pratique pour accéder à l'annexe, et si agréable pour s'asseoir à deux, les pieds dans l'eau, un verre d'apéro à la main (au mouillage seulement !). L'échelle de bain doit descendre suffisament bas dans l'eau, et s'escamoter complètement qu'elle soit en place ou repliée, pour laisser la surface de la jupe libre.

Par contre, pas de cockpit ouvert sur la jupe, contrairement à la mode actuelle. Ayant navigué par mer forte de l'arrière, nous voulons un mur derrière le cockpit. Plutôt que d'avoir un cockpit qui se vide très rapidement, nous en préférons un qui ne se remplit pas !


Les aménagements

Inutile de multiplier les cabines doubles et les salles de bain comme sur les bateaux de série. Nous naviguons à deux, plus de temps en temps un couple d'amis, deux cabines et une salle de bain suffisent amplement.

Le roof panoramique a pour inconvénient de limiter la hauteur sous barrots à l'avant. Pour limiter le problème, le plancher est sur deux niveaux :
Surélevé sous le roof, il permet une vision à 360° vers l'extérieur quand on est debout, et ça permet de caser les éléments lourds et une grande partie du puits de dérive sous le plancher.
Abaissé plus en avant, il permet de conserver une hauteur sous barrots raisonnable dans le carré et la cabine avant.

La cabine avant est classique, mais avec un lit suffisamment long et large pour dormir confortablement à deux.

Le carré comporte deux banquettes assez longues et larges pour s'y allonger, pour une petite sieste, pour bouquiner ou pour les quarts de nuit (quand il n'y a rien en vue, nous prenons le quart à l'intérieur avec tour d'horizon toutes les 10 minutes).
Deux retours de banquettes et une grande table permettent d'asseoir 8 à 10 personnes à table, pour les soirées entre équipages.

Sur tribord, la cuisine est grande, en U pour pouvoir s'y caler quelque soit la gîte. Les deux éviers sont ronds et profonds. Situés sur le retour du U au centre du bateau, ils s'évacuent directement dans le puits de dérive. Le frigo est à ouverture frontale, et comporte deux grands tiroirs permettant un accès rapide à tout le contenu. Ca permet également de n'ouvrir que le tiroir utile, et donc de limiter les pertes de froid.
Un grand plan de travail, sans aucune ouverture, permet à Françoise de cuisiner et pâtisser à l'aise. La gazinière, deux feux seulement mais four thermostaté, est montée classiquement sur cardan. Deux bouteilles de propane "twinny" apportent une bonne autonomie.

La table à cartes, sur babord, est suffisamment grande pour y étaler une carte papier (nous naviguons "à l'ancienne" !).

La cabine arrière, seule utilisable en mer, est grande. Le lit est quasiment carré et permet de se coucher en long, mais aussi en travers pour les longs bords de près. On y a un accès facile au moteur et à la ligne d'arbre.

La salle de bain est assez spacieuse et aménagée classiquement : WC marin, lavabo, douche.

Une immense soute est accessible par l'intérieur et par le cockpit, nous y stockerons les vivres et le matériel.

 
Retour page Noulica